vendredi 30 juin 2023

Pousser les portes du devoir (Un chemin étroit avec Gide) 8

 



Vierge voilée de Giovanni Strazza (XIXème sicèle)

(Photographie glanée ici : Livingstone)


« Nos actes s’attachent à nous comme sa lueur au phosphore. Ils nous consument, il est vrai, mais ils nous font notre splendeur.

Et si notre âme a valu quelque chose, c’est qu’elle a brûlé plus ardemment que quelques autres. » André Gide, Les nourritures terrestres


Je porte le poids de mes actes.

Parfois lourds, parfois légers, ils m’emboitent le pas.

Ils ne me lâchent jamais.

Ils sont ancrés dans ma mémoire.

Et parfois je me sens lâche.

Mes actes brillent un peu, mais nombre d’entre eux me brûlent.

Me voici incandescent, sur le bûcher d’une vie.

Loin de moi l’idée d’un bilan.

De colonnes en plus ou en moins où classer gloires et hontes.

Mais quand même, à l’heure de me retourner sur mes pas, de contempler le chemin parcouru, je ne peux que voir l’ombre au tableau.

Et en assumer la présence.

Je porte le poids de mes actes.

Certains me font briller aux yeux de « bonne » société, bien d’autres mettent du poids sous mes semelles, m’alourdissent et me pèsent.

Alors, je laisse un moment Gide et fais un détour par Pierre Bayard : « Chaque vie est une succession de bifurcations plus ou moins nettement visibles, qui dessinent devant nous une multitude d’itinéraires virtuels conduisant à des existences parallèles que nous ne connaîtrons pas, où nous aurions vécu d’autres expériences, fait d’autres rencontres, aimé ou haï d’autres gens. Et où se seraient révélées peut-être d’autres personnalités potentielles que nous portons en nous et qui nous demeurent à jamais dissimulées. » (Aurais-je été résistant ou bourreau ? Editions de Minuit, 2013)

Mon regard alors change.

Il se concentre sur ces croisements d’itinéraires.

Sur ces rencontres qui ont façonné ma vie.

Sur ces moments d’égarement où l’amour parfois me menait par le bout du nez, refusant de voir l’évidence de l’impasse.

Ou la possibilité de l’ouverture vers autre chose de plus accompli.

Je louvoie comme la plupart entre le hasard et la nécessité.




Xavier Lainé

8 juin 2023


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