Bien sûr l’été
Le ballet des hirondelles (des martinets)
Les moineaux qui s’appellent
De gouttières en buissons
Bien sûr l’été
Les mains tendues dans la rue Grande
Tout ce qui ne se voit
Caché dans des poches de misère
Bien sûr l’été
Désolé de vous gâcher la perspective
Mais pas le temps d’une chaise longue
Elle dort au fond de la cave
Comme tant d’autres objets inutiles
Bien sûr l’été
C’est gentil de me souhaiter
« Bonnes vacances »
Alors que comme des milliers d’autres
J’en ai oublié les délices
Bien sûr l’été
Me sens moins seul
Sans comparaison aucune
Entre mon grenier littéraire
Et les tristes immeubles
De banlieues désoeuvrées
Bien sûr l’été
Âpre et dur été
Pour les enfants privés
Du bonheur de respirer
Ailleurs que dans le quotidien
Bien sûr l’été
Comme une blessure
Au souvenir de ce qui fut
De naïve liberté
Sur les sentiers escarpés
Dans l’ivresse des cimes
Bien sûr l’été
Qui n’est plus que souvenir
De ce qui a été ruiné
Lacéré
Détruit
Tandis qu’ils vont
Suggérant d’interdire
Les derniers lieux virtuels
Où se logent quelques mots assoiffés
Bien sûr l’été
Un président s’en vient
Casser le thermomètre
Pour que nous ne sachions pas
Le degré de cuisson
Des grenouilles que nous sommes
À ses yeux aveuglés
De pouvoir et de fortune
Xavier Lainé
6 juillet 2023
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