jeudi 13 juillet 2023

Pousser les portes du devoir (Un chemin étroit avec Gide) 21

 



Vierge voilée de Giovanni Strazza (XIXème sicèle)

(Photographie glanée ici : Livingstone)


« Et l’humanité tout entière ne s’agite que comme un malade qui se retourne dans son lit pour moins souffrir. » André Gide, Les nourritures terrestres


Comme l’humanité je tourne et me retourne dans un sommeil introuvable.

Les nuits sont longue à qui pense, à qui cherche à être heureux malgré tout ce qui agite ses pensées.

Je suis.

Je suis comme toutes celles et tous ceux qui se lèvent tôt.

Qui doivent assurer leur labeur avec le plus d’amour possible.

Toutes celles et tous ceux qui paient de leur personne pour assumer une place dans le fonctionnement du monde.

Soigner, nourrir, apprendre.


Soigner, nourrir, apprendre.

Digne devise pour qui se croirait hors du monde.

Et à la fin du mois ?

Des clopinettes.


Soigner, nourrir, apprendre.

L’indignité des déjà hors humanité est là sous nos yeux.

Aussi incroyable qu’il y paraisse, ils en sont à dissoudre dans l’acide de leur pouvoir, toute personne ne pensant pas comme eux.


Et nous, il nous reste quoi une fois les dissolutions décrétées ?

Soigner, nourrir, apprendre, encore et toujours.

C’est le sel de la vie.

Avec aimer.

Ha ! Aimer !

La belle aventure qui nous fait osciller entre âpre quotidien et ardente volupté.


J’ai amputé le texte de Gide qui disait, avant la phrase ci-dessus : 


« Ah ! Pensais-je, toute l’humanité se lasse entre soif de sommeil et soif de volupté. — Après l’effrayante tension, concentration ardente, puis retombement de chair, on ne songe plus qu’à dormir — ah! sommeil ! — ah! que si ne nous en réveillait pas vers la vie, un nouveau sursaut de désirs. »


« L’humanité se lasse ».

Elle se détourne de la trop forte pression.

De la trop forte oppression.

De ce sentiment d’être laissé pour compte.

De ne pas avoir d’existence.

Sinon : soigner, nourrir, apprendre.

Fil ténu qui nous inclu encore dans un espoir d’humanité.


Lorsque tout s’écroule et par amour pur de la vie, par amour pur d’une volupté de vivre, parfois on retombe dans un puissant sommeil.

Un sommeil agité.

On s’y tourne et retourne comme malade dans son lit cherchant à moins souffrir.


Puis on se lève encore, étonné du jour nouveaux, on part en quête de l’immensité d’amour nécessaire à, un jour de plus, soigner, nourrir, apprendre.



Xavier Lainé

21 juin 2023


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