lundi 31 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 16

 



Vanité de toutes prières qui ne sont que fuites devant la réalité sordide.  Coire en des divinités, c’est fuir devant l’évidence. Tu pries, pourtant : « Jésus Marie qui êtes aux cieux, ne nous laissez pas entre ces griffes hideuses. » Pour aussitôt te rétracter : « Mais vous n’avez pas la moindre parcelle d’existence. Vous n’êtes que refuge pour les gogos qui croient encore échapper aux griffes du capitalisme fou en s’agenouillant devant vos images comme ils s’agenouillent devant leur écran, leurs réseaux « sociaux », leurs amis si nombreux qui se moquent éperdument du sort de leur voisin de palier. »


Tandis que certains prient et se retournent à la grand messe historique trafiquée du Puy du fou, la folie justement envahit toute la scène.

Tandis que certains prient et engrangent les bénéfices de leurs dérogations, les artistes lentement mais surement étouffent de ne plus avoir de scène à disposition.

Les artistes, les vrais iront dans les rues exprimer leur désappointement devant la tournure du monde. Ils seront la cheville ouvrière de la seconde révolution, la première ayant eu lieu au néolithique. (Alain Badiou)

Depuis, il n’y eut que vaines tentatives de redonner son unité à la nature humaine bafouée par les dominations.

Si nous restons seul, la cause est perdue.


Tu peux toujours t’avancer avec arrogance.

Regarder de haut qui t’a sauvé du naufrage.

Tu peux vomir sur qui te nourrit, satisfaire ainsi ceux qui t’entraînent vers les gouffres.

Tu peux.

Tu seras ainsi conforme à ce temps qui crache sur tout, détruit tout, ne construit rien sinon d’inesthétiques habitats où tes semblables s’ennuient à mourir.

Et ils meurent parfois de suicide, faute de trouver à vivre.


Xavier Lainé


15 août 2020 (2)



dimanche 30 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 15

 




Chaque jour tu dois survivre à la médiocrité et à la vulgarité.

Alors tu ne sors presque plus, juste pour éviter les foules obéissantes et serviles qui courent de magasin en grandes surfaces et surfent sur la vague de leur consumérisme.

Tu tentes en vain d’échapper aux discours ronflants mais infondés, aux injonctions paradoxales qui ne visent qu’à perdre un peu plus les esprits déjà égarés.

L’affaire bat son plein, devant tes yeux effarés : la dictature soft étend son règne, contrôlant tout jusqu’à ton intimité.

Plus question de faire l’amour sans visière, masque et précautions de distances, alors on ne fait plus l’amour, on s’évite soigneusement.

Extension du domaine de la déconstruction.


Les liens déjà vacillant s’effilochent au fil des ondes.

Dans ce désert sans humanité, il te prend de souhaiter être atteint, que le virus t’emporte ou que l’effondrement climatique s’envenime et mette fin à ce cauchemar.

Il ne reste plus rien de tes rêves sinon à l’état de rêve dont ils n’ont jamais pu sortir.

C’est même le pire de tes cauchemars qui ne cesse de se réaliser sans qu’aucune grenouille ébouillantée ne cherche à s’évader de cette gigantesque prison qu’est devenu le monde.


A la violence symbolique s’ajoute désormais la vraie violence : on s’insulte entre pro et anti port du masque obligatoire.

On s’étripe au nom de divinités dont nul ne saurait attester l’existence.

Au nom de l’économie de quelques uns on tue un peu partout pour des questions de rentabilité.

L’horreur touche au sublime raffinement de la déchéance.

On se prendrait presque à rêver qu’une extinction serait la bonne solution.


Xavier Lainé


15 août 2020 (1)



Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 14

 



La première des incivilités donc, c’est celle qui consiste à ne prendre soin que de sa petite personne, sans la moindre attention au triste de sort de nos contemporains.

Ceux qui se retrouvent dépossédés de tout, de leur histoire comme de l’Histoire, qui traversent l’époque pliés sous le joug de la précarité vous en remercieront.


Dépossédés, désindividualisés, hagards sous les coups d’un sort qui n’est lié à aucun hasard, mais bien orchestré de main de maître par les néo-barbares, ils iront leur chemin de survie.

Que reste-t-il à l’homme une fois la culture éteinte ?

Car il s’agit bien de ça : à trop survivre, c’est la curiosité, la soif d’apprendre qui se meurt.

Dès lors s’épanouit le passage à l’acte, plus aucune retenue ne peut empêcher la violence de s’exprimer.

Aveuglés de haine de soi, franchir le pas est simple : il suffit de cogner.


Ils cognent alors, les héritiers des bourreaux.

Les barbares engendrent leurs semblables.

En semant le chaos, ils espèrent lever les armées à leur ressemblance.


Nous devrions ne rien dire ?

Poètes nous devrions contempler l’étendue du désastre sans mot dire.

Sans maudire ces apprentis sorciers au ventre rebondi de dollars qui manipulent de leurs médias achetés les plus miséreux qui vont s’entretuer au nom d’un dieu auquel ils ne croient pas plus que leurs maîtres.

Qu’il soit Allah ou la finance, c’est toujours au fond le même spectre qui anime la violence.

Les poètes auraient tout de même à écrire sur ce glissement dangereux vers le pire.


Xavier Lainé


13-14 août 2020


vendredi 28 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 13

 



Lire et écrire, c’est dérouler les maillons d’une chaine qui puise au plus profond de notre humanité.

A chaque livre ouvert et lu, la chaine remonte.

A chaque ligne écrite, un maillon supplémentaire s’ajoute qui nous lie avec chaque page depuis l’invention de l’écriture.


C’est une errance, un rêve, un moyen d’échapper au réel et d’y retourner modifié.

A défaut de changer le monde on se change soi-même.

C’est une question de proximité (puisque le mot est à la mode)


Reconstruire un espoir, ce serait montrer qu’au-delà des perspectives de démolition, persiste une capacité à en changer le cours et à proposer autre chose.

À défaut, opérant sous la coupe de la fatalité, il nous faudra recueillir précieusement nos larmes.


C’est un drame que de penser et écrire en pays sinistré.

On viendra encore nous montrer les singes savants de la littérature comme des bêtes curieuses.

De bons bourgeois seront rassurés de ces quelques jours passés en bonne compagnie.

Leur âge leur permettra de se foutre éperdument du naufrage des plus jeunes.

« Ce sont parfois des « personnes âgées » qui sont devenues inciviles - en particulier à l’égard des jeunes générations, qu’elles ne voient (justement) que comme de tels sauvageons, et dont elles ne prennent aucun soin, plus soucieuses de leurs voyages pour le « troisième âge » que de leur descendance, condamnée au chômage. » (Bernard Stiegler)

C’est le pitoyable spectacle qui nous sera proposé, avec des « ho » et des « ha » d’admiration béate dont la critique sera impossible.


Xavier Lainé


12-13 août 2020



jeudi 27 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 12

 



Lire est une errance qui te fait échapper au néant du quotidien.

Pages après pages, tu te vois en philosophe, en poète, en écrivain alors que tu ne seras sans doute jamais l’un ou l’autre de ceux-là.

Tu erres, de livres en livres, de musiques en musiques.

Livres et musiques sont ton balancier tandis qu’en équilibre sur ton fil, tu observes les requins gueule ouverte qui t’attendent là en dessous.


Tu te jettes sur la page blanche : elle est ton île, ton havre, ton port d’attache.

Tu largues un instant les amarres qui te ligotent au monde à la dérive.

Tu t’éloignes, dans un sommeil bref mais salutaire qui libère les mots de la gangue de fatigue qui te harcèle.

Tu parlais de ralentir l’allure, ce n’était qu’illusion : on ne ralentit rien du tout, on se met entre parenthèses.

Ce fut ainsi qu’être confiné ne provoqua chez toi comme chez beaucoup que l’occasion rêvée d’un retrait, un retrait fort actif : travailler à distance, faire l’école aux enfants, te lamenter de ne pas plus pouvoir agir sur ton quotidien alors que le monde t’enfermait entre tes quatre murs.

Ce n’est que depuis ta sortie de cette incarcération que tu te prends à rêver d’avoir le temps pour toi, le temps de lire et d’écrire sans rien qui vienne en interrompre le cours.

Il était donc faux de parler de période ralentie, ce n’était que l’ouverture d’un désir, vite anéantit sous la trivialité du vivre.


Tu marches sur le fil.

Tu contemples de là-haut ce monde où tant font naufrage.

Tu vois, juste au-dessus, ceux qui se frottent les mains à chaque noyade.

Tu es l’observateur d’une guerre menée par les non-humains aux non-inhumains.

Tu pleures en silence à chaque départ vers les profondeurs abyssales.


Xavier Lainé


12 août 2020 (2)


mercredi 26 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 11

 



Te voilà funambule.

Tu avances sur le fil ténu des livres et de l’écriture pour ne pas tomber dans le néant.


Ils sont là, toutes griffes dehors, les propagandistes de la destruction.

Ils se frottent les mains, lorsque, défiant la gravité, vous hésitez entre pessimisme systémique et optimisme négationniste.

Ils attendent le moment de la chute qui provoquerait en cascade le processus diabolique de la fin de toute vie sur terre.


Devenus fous en leur ivresse de gains, ils ne voient pas que notre chute serait aussi la leur.

A droite sur le ring, les fous de dieu, prêts à égorger pères et mères pour un illusoire salut divin.

A gauche les propagandiste de la foi aveugle en la sainte finance qui résoudrait par ruissellement tous les spasmes de nos misères.

Au milieu les arbitres qui ferment les yeux, se bouchent les oreilles et ne disent plus rien, abrutis de désinformations.


Tu n’a plus qu’à avancer sur ce fil si fin qu’à chaque instant tu crains sa rupture.

Ton pas doit se faire léger.

Tu dois apprendre à t’affranchir de cette gravité qui plombe les consciences au point de les rendre aveugles.

Sur cette voie médiane qui te permet de voir ce que nul ne veut voir, tu te dois d’avancer.

Tu ne sais pas si tu es seul en ce fragile équilibre.

Tu sais seulement ce qui se délite autour de toi, dans ta propre vie.

Quelque part au bout du fil, quelqu’un ou une t’attends et vos mains jointes se feront bouée de sauvetage.


Xavier Lainé


12 août 2020 (1)


mardi 25 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 10

 




Tant de temps perdu à contempler la misère et l’indigence.

Lentement on s’enfonce en des abîmes qui ne nous mènent nulle part.

On n’avance pas, on régresse.

On ne construit pas, on démolit.


Construire relève d’une épreuve d’abnégation et de courage.

C’est lui qui manque le plus souvent face à l’hydre d’un système capitaliste devenu fou.


Tu as beau calculer, que saurais-tu faire des sommes colossales englouties par une poignée d’individus ?

Même en comblant tout tes désirs refoulés, tu n’en dépenserais pas le quart.


A eux, il leur en faut toujours plus.

Ils sont comme une maladie, une gangrène, un cancer qui ronge toute raison sociale d’être.

Ils détruisent, corrompent, asservissent la masse innocente de gens qui n’y voient plus.

De cette cécité nait leur soumission à des décisions qu’en temps ordinaire la raison devrait refuser.

Ils la démolissent à grands coups de mensonges.

Ils réfutent toute contestation au nom de leur barbarie.


De quoi encore pourrions nous faire rempart devant ces gloutons assoiffés de liquidités, drogués de finances ?

Ils submergent tout de leur lobbyisme aveugle.

Ils ne se contentent pas de corrompre, ils sont la corruption même.

Et nous, pauvre idiots utiles du capital, ne savons inventer les barricades nécessaires à freiner leur marche vers le néant.


Xavier Lainé


`11 août 2020



lundi 24 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 9

 




Danse donc la vie, car elle n'attend pas !

Danse donc le coeur qui bat !

Danse, danse chaque instant la grâce d'exister !

Danse !


Danse donc quand il en est encore temps.

Car les barbares ne se contentent pas de mettre à mal le tissus social. Ils s’infiltrent au coeur même des familles pour y créer dissensions sur fond de faux débats.

Vous ne croyiez pas si bien écrire, Alessandro Barrico et Bernard Stiegler : les barbares accomplissent leur oeuvre tragique, cachés derrière leurs algorithmes.

Ils laisseront derrière eux un désert d’où émergeront quelques écrans plats comme le furent nos vies.

Ils enverront quelques signaux tant que leurs batteries tiendront.

Puis ils se tairont à jamais, laissant les hommes, s’il en reste, sans voix ni langage, ni culture.

Ce sera un retour à l’ère sauvage, à la bestialité.


Il faudra alors tout recommencer, si tant est que quelqu’un soit en mesure de se mettre à l’ouvrage.

Quoi ? Il ne resterait que ce maigre espoir que nous ne soyons pas tous morts sous nos propres assauts alliés à la rudesse d’un climat devenu hostile ?

La collapsologie a désormais de beaux jours devant elle.

On peut comprendre que nos enfants ne nous emboitent le pas qu’à reculons.

Nous sommes devenus les complices d’une barbarie qui se revendique telle.

Notre avenir tient aux digues que nous pourrions encore bâtir avant qu’il ne soit trop tard.


Xavier Lainé


10 août 2020


Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 8

 



dimanche 23 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 7

 



Mais qui : « ils » ?

Simplement ouvrez les yeux et voyez !


Pour ouvrir les yeux, faudrait encore être moins fatigués d’exister.


Quand on ne vit qu’avec la procuration des rêves.

Lorsque tendresse a pris depuis si longtemps la poudre d’escampette.

Que les nuits se font agitées sous la pression sociale.

Le matin te regarde passer, goguenard, avec tes yeux en papillotes.


Vous pouvez vivre ainsi, vous ?

Oserez vous encore appeler ça vivre ?


Mais je ne réponds pas à votre question.

Ils sèment terreur et désolation partout .

Ils sont hydre dont les multiples têtes émargent à la corbeille.

Non qu’ils aient volonté de nous exterminer.

Non.

Ils nous ignorent.

Ils ne voient plus, en leur aveuglement, que sans nous…


Sans nous ils ne sont pas plus que nous.

Sans nos mains et nos pensées, ils n’existent pas plus que nous.

Nous sommes leur faire-valoir.

Ils nous dédaignent à la hauteur de leur fortune.

Ils ne sont pas méchants, ils sont bêtes, fin saouls de bénéfices.

Ivres de leur fortune, ils ne voient plus rien de nos existences ordinaires.

Si vous leur disiez en quelle tragédie ils nous mènent, ils ouvriraient de grands yeux étonnés.

Ils n’imaginent même pas avoir de ce sang sur les mains.


Xavier Lainé


5-6 août 2020


samedi 22 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 6

 



On tue plus surement les gens par absence de tendresse que par tout autre procédé.

On tue, on ne cesse de tuer l’Homme en l’homme.


Regardez donc ce que nous faisons de nos espérances.

Qu’un vent mauvais passe et nous les jetons par dessus bord.

Elles errent à la surface des flots et nous restons sur le rivage, hagards et dépossédés.


Regardez donc ce que vous faites de nos vies.

Travaux dépourvus de sens et sens giratoire imposé sans issue de secours.


C’est à en crever de rage, savez-vous ?


Car du plus proche au plus lointain c’est comme si notre déshumanisation rampante était déjà anticipée.

Ils n’ont plus besoin que de la confirmer.

Nous ne nous embrassons plus, ne nous touchons plus, ne nous aimons plus.

Nous restons debout au bord du vide.

Nous attendons que falaise glisse et s’effondre pour disparaître sans un geste.

Ils ont creusé sous nos pas un abîme auquel nous avons contribué.

C’est tout juste si nous ne nous y jetons pas en chantant.

Nous parlons poésie au milieu de ce champ de ruines et de larmes.

C’est avec allégresse que nous accueillons leurs ultimes coups de feu.

Les cadavres s’accumulent sur leur route.

Ils envoient une infime poignée de secours et nous les encensons de l’avoir fait.

Nous ne regardons pas qu’ils furent à l’origine du crime.


Xavier Lainé


4-5 août 2020


jeudi 20 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 5

 



Alors me prend cette impérieuse colère.

Tandis que mes mots sortent de mes lèvres en murmure pour ne pas crier, je vous vois lever les yeux au plafond.

Serez-vous encore étonnés qu’en moi monte la vague, le tsunami ?

Je voudrais savoir hurler et être sûr que mon hurlement vous réveillerait enfin de votre stupide torpeur.

Je voudrais avoir des mots canifs pour trancher dans le vif de vos abrutissements médiatiques.

Je voudrais avoir la force de vous agripper et vous secouer jusqu’à ce que vous retrouviez vos esprits égarés.

Je voudrais.

Je n’ai que page blanche à noircir avec rage.

Je n’ai plus la force de secouer le monde.

Pourtant j’aimerais reprendre les mots de Maïakovski :


« Ça ose s’appeler poète

Et carcailler tout gris comme une caille !

De nos jours

Il faut

Muni d’un casse-tête

Fendre le crâne du monde ! »


Seriez-vous sensible au casse-tête ?

Seriez-vous capable d’entendre ces mots qui sont murmurés depuis si longtemps ?

Ils visent à notre libération des chaines tissées de mains de maîtres.

Ils visent à nous faire relever la tête.

Et vous qui faites semblant de ne rien entendre ni rien voir, vous baissez les yeux ou les levez au plafond lorsque les mots trouvent enfin chemin hors de mes lèvres.


Xavier Lainé


4 août 2020


Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 4

 



Nous ne savions pas !

Nous ne voulions pas savoir.

Ni reconnaître l’évidence.


On pourra toujours accuser les médias.

D’avoir lavé les cerveaux, répandu la bêtise.

On pourra toujours.

Ça ne retirera rien à la responsabilité collective.

Quelque chose se passe qui dépasse tout entendement.


Nous obéissons aveuglément à des ordres sans fondement sérieux.

Nous nous terrons chacun chez soi, la peur au ventre sans même nous l’avouer.

Nous réprimons nos désirs d’étreintes et de baisers sans savoir ce qu’il en est des contagions.

La seule visible est celle qu’engendrent médias mal intentionnés, bien peu alertes sur les dérives de ce monde.


Rien bien entendu sur les détournements d’argent sale qui empêchent toutes décisions d’allègement des conditions de vie.

Rien sur les liens étroits entre pesticides et cancers.

Rien sur les manipulations et les détournements d’information.

Rien sur les masques malhonnêtes posés sur les turpitudes des pouvoirs.

Rien.


Nous voici pieds et poings liés devant le gouffre ouvert sous nos pieds.

Nous fermons les yeux pour ne pas voir l’abime béant devant nous.

Demain, à leur commandement, nous avancerons d’un pas en niant en choeur qu’ils seront responsables de notre suicide collectif.

Nous sommes perdus mais paupières baissées nous allons à notre perte.


Xavier Lainé


3 août 2020


mardi 18 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 3

 



J’arpentais les rues, mon paquet d’extraits de poèmes à la main, mon pot de colle dans l’autre.

Tâche bien délicate dans une ville aseptisée, qui ne laisse guère de place à la libre expression.

Rien : pas un mur, pas un panneau.

Il leur faut de l’aseptique, du propre et des citoyens muselés.


Le pire n’est pas là.

Le pire est que l’immense majorité accepte sans sourciller et obéisse.

On touche le fond, lorsque c’est le colleur de poème qui se trouve cloué au pilori et offert à la vindicte.

Il est donc devenu normal de se taire, de respecter les ordres les plus contradictoires, les plus pervers.


Ha ! Que ce virus a bon dos !

Il ouvre la porte à tous les abus de pouvoir !

Il ne laisse place à aucune contestation.

Même plus besoin de forces de l’ordre : l’auto-censure fait rage !


... (voir infra : https://latelierdupoete.blogspot.com/2020/08/resistance-poetiqueacte-2-2-aout-2020.html)


Posez-vous la question, mais pas trop longtemps.

Le temps nous est compté avant qu’ils en viennent aux ultimes barrières.

Gestes, distance, ils usent de tous les artifices pour tuer en nous l’humain à peine né.



Xavier Lainé


2-3 août 2020


lundi 17 août 2020

Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 2

 



Nous dirons que nous ne savions pas malgré les preuves et les larmes.

Il y en eut des larmes sous les coups et les répressions.

On a si souvent tort de ne pas être du bon côté de la matraque !

Pas la chance de naître riche et de sucer les actions au biberon.

Pas la chance d’être fils ou fille de gens au pouvoir.

Pas la chance.


N’être rien en pays où ils ont décidé d’être tout ne mène nulle part.

Surtout si, de concessions en compromis, tu marchandes ta vie au plus offrant.

Un jour, tu te réveilles avec le goût salé du sang sur tes lèvres tuméfiées.

Car ils savent se servir de toi, puis illico font disparaître le corps encore chaud.

Tu n’es qu’une variable d’ajustement de leurs bénéfices.

Une ligne maquillée dans leur comptabilité.


Mais il ne faut pas le dire, hein !

Il ne faut pas dénoncer la main qui te nourrit, t’habille, t’offre encore la chance d’avoir un toit.

Il ne faut pas dire les chaines et le joug.

Il ne faut pas dire le vinaigre déversé sur les plaies.

Rien souffler des mensonges d’Etat, des magouilles financières, des petits arrangements entre amis du beau monde.


Il ne faut pas dire et encore moins écrire.

À moins que tu n’ai trouvé le chemin pour parvenir à leur hauteur ou à peu près.

Mais que tu sois citoyen lambda, anonyme parmi les anonymes ne te donne aucun droit à dire, écrire, publier la honte que tu éprouves et ton écoeurement devant leur monde.


Xavier Lainé


1er août 2020 (2)


Sous le soleil d’août, vaine tentative de lucidité 1



 

Il y aura toujours quelqu’un derrière quelqu’un pour tirer profit de l’histoire.

Parfois les mêmes qui appuient sur le détonateur et attendent patiemment dans leurs bureaux que le monde s’écroule.

Nous restons muets devant les faits, mais nous savons qu’un jour l’histoire elle-même nous demandera des comptes.

Nous ne pourrons plus nous taire.

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

Nos votes seront la preuve irréfutable de notre culpabilité.


Nous avons confié les commandes aux pires, pour ne pas être dérangés dans nos petits conforts douillets de bourgeois mielleux.

Qui pourra nier la chose obscène qui nous est arrivée ?

Combien de morts devant nos portes tandis que nous étions là à écrire, discuter de l’effondrement du monde, coudre, manger, faire l’amour ?

Combien de révolutions aurons-nous accomplies sous l’oeil amusé de nos surveillants, à grands coups de pétitions publiques sur les réseaux de Big Brother ?


Tombés dans le panneau, nous crierons encore que nous ne savions pas.

Nous aurons la mémoire sélective mais les preuves de la forfaiture seront déposées sur la table d’interrogatoire.

Nous pourrons toujours secouer la tête, l’évidence sera là.

Derrière chaque crime commis par le système entretenu par nos votes, il y aura un rapace qui caressera son porte-feuille d’actions.


Bien sur nous ne les aurons pas vu venir.

Ils sont sournois, ceux qui tiennent vraiment les commandes du pouvoir.

Qui tiennent les pouvoirs en place pour mieux préserver leur richesse.

Richesse forte d’argent sale, spéculation sur nos propres abandons.


Xavier Lainé


1er août 2020 (1)