lundi 31 juillet 2023

Beauté : figure de proue de nos révoltes 9

 



Photographie : XL-Manifestation 26 mai 2016



Où sont les nuits paisibles d’antan

De ces nuits sans souci bordées de rêves

De voyages dans le temps et dans l’espace

Qui me laissaient au matin heureux

Où sont-elles


Dans l’âpre chaleur d’un été tardif

Mes rêves se construisent d’étranges rencontres

Vous êtes si nombreux à les peupler

Que m’interroge sur la place occupée

Par vos présences intempestives

En mon crâne stupéfait


Le trouble vient

Il surfe au sommet d’une vague

Plonge dans les rouleaux 

Puis réapparaît plus loin

Toujours aussi vaillant

Le trouble


Nous nageons en eaux troubles

Nous savons et mesurons le risque pris

À poursuivre ainsi étrange traversée

Mais

Nous nageons en eaux troubles

Certains un peu troublés

D’autres plus nombreux

En splendide indifférence


Que restera-t-il de ces mots

Une fois la déferlante abattue

Sur nos têtes effarées

Effaçant tout sur son passage


Quelle terre

De quelle Terre pouvons-nous encore parler

À l’heure des grandes indifférences

Pour cause de « vacances »

De quelle Terre encore causer

En pays meurtri sous le joug des cinglés


Fous et ivres d’argent et de pouvoir

Ils coupent et saignent qui se laisse tondre

Ils affirment posséder l’unique parole

L’inique vérité

Argent

Gloire

Pouvoir

Sont leurs seules litanies


Mes rêves s’élèvent

Tentent de vous tendre encore la main

Voudraient vous secourir

Vous préserver du danger imminent


À la déferlante naturelle

Va s’adjoindre celle

D’une absolue dictature

Dont ils sera bien délicat de se défaire


Mes mots demeureront en jachère

Semés en terre perdue

Tandis que vos pleurs activeront peut-être

Leur ultime germination.



Xavier Lainé

9 juillet 2023


dimanche 30 juillet 2023

Beauté : figure de proue de nos révoltes 8

 



Photographie : XL-Manifestation 26 mai 2016



Ma ville est un mystère

J’y vis en retrait

Ne la sillonne que très peu

Mais il semble que

Dès ma sortie

Mes connaissances s’y donne 

Rendez-vous sur mon chemin


Ma ville est un mystère

Plus je m’y enterre

Plus on me dit connu

Mais pour quoi et comment

Nul ne sait me l’expliquer

Je ne sais qu’y être de passage

Me dis que je pourrais

Être ailleurs dans une autre vie


Ma ville déploie 

Des réseaux souterrains

Où des choses se disent 

Loin de mes oreilles 

Qui ne souhaitent rien entendre

Des histoires racontées

Qui sont sans doute si loin

De toute réalité vécue


Ma ville a par en-dessous

Un réseau de caves 

Par où autrefois

Couraient vite les nouvelles

Comme les humains furtifs

Clandestins invisibles

Façonnant les vies de demain

Défaisant celles des occupants

Qui ne comprenaient rien

À ce maquis secret


Je vis en ville mystère

N’ai besoin d’aucun souterrain 

Pour me cacher n’ayant rien de secret

Sinon ma volonté d’être en retrait

Pour mieux « sentir » le monde

Et son étrange tournure


Pourquoi tant de gens 

Se disent d’accord avec mon propos

Sans que rien ne change

Au quotidien blafard

Des exclus 

Des détenus

Des discriminés


Pourquoi ?



Xavier Lainé

  8 juillet 2023


samedi 29 juillet 2023

Beauté : figure de proue de nos révoltes 7

 



Photographie : XL-Manifestation 26 mai 2016



Si dure la vieillesse 

Et la solitude qui l’accompagne

Si dure


Si dure en ce monde

Non conçu pour accueillir

Mais toujours parquer

Ghéttoïser 


Si dure la vieillesse

À qui ne s’y est pas préparé

Dans l’illusion de toute puissance

De sciences poussées à l’absurde


Savez-vous la douleur

Qu’engendre les pleurs de mère

Parvenue si loin dans le temps

Que souffrir encore un jour

Lui semble inacceptable


Inacceptable la souffrance

Inacceptable l’idée de mourir

Tout en réclamant le terme

Sans trop savoir comment faire

Comment vivre encore

Lorsque tout se délite

En un monde dépourvu 

De l’humanité nécessaire


Si dure la vieillesse

Si dure la peine

Si dure


*


Mes larmes

Mes larmes

Pour les enfants perdus

De République aux abois

Enfants de la misère

Un temps confiés

Puis repris

Trimbalés de-ci

Trimbalés de-là

Mais toujours perdus


Que valent mes larmes

Après avoir du jouer

À corps défendant 

Les pères Fouettard

Histoire de les aider

À grandir autrement

Qu’en illusion de facilité 

Que valent les larmes d’un père

Ce qu’on lui demande

C’est d’être dur et imperturbable


*


Ce qu’on demande de dureté

En siècle de recul et d’ignorance

Hors du fragile équilibre entre 

Autorité et bonté d’âme

Ici se loge la compréhension



Xavier Lainé

7 juillet 2023