mercredi 30 juin 2021

Textes en Résonance

 




Mes moyens ne m'avaient pas permis d'acquérir le beau livre édité chez Jacques Flament. J'ai pu enfin combler ce vide.

C'est du bel ouvrage, vraiment. Pas eu le temps de tout lire, mais ça vaut le détour. Et si j'écris ça, ce n'est pas parce que trois de mes textes y sont présents.

Mais parce que tant de belles plumes (sans compter ma modeste contribution) méritent d'être lues et relues, donnant vies littéraires à l'art photographique.

Merci donc à Jacques Flament pour ce merveilleux travail.

Pour commander l'ouvrage, c'est ici : Résonances 3/Editions Jacques Flament

mardi 29 juin 2021

Lettre ouverte sur la paix à Monsieur le maire de Manosque (04) et ses conseillers municipaux (Suite 1)

 




Soyons honnête : en écrivant ma "Lettre ouverte sur la paix" ( Lettre ouverte sur la paix) je ne m'attendais ni à ce qu'elle soit publiée par ce qui ose s'appeler encore une presse locale, ni qu'elle suscite une grande attention du maire de Manosque et de ses conseillers.

Si les premiers ne m'ont pas déçu (à moins que, n'achetant jamais la presse locale, je n'ai pas vu passer l'écho qui aurait pu être donné à ma missive), Monsieur le maire m'a adressé une lettre datée du 21 juin 2021 et reçue ce mardi 29 juin. Je vous en livre ci-après la teneur qui nécessitera sans doute de ma part quelques mises au point en forme d'ouverture du débat. Je ne sais si les conseillers municipaux ont été mis au courant de ma lettre et de la réponse apportée.

Je vous laisse à votre lecture attentive et, bien évidemment, vos commentaires seront les bienvenus pour alimenter non la polémique mais le débat d'idée ouvert ici par un maire qui semble être attentif à ce que les citoyens de la ville lui font parvenir (et c'est déjà un petit miracle).

Xavier Lainé

30 juin 2021





lundi 28 juin 2021

Atterrir

 




Je tente d’atterrir.

Je tente de me remettre de la colère.

Pas un mot de vrai qui se pose sur les heures.

Je voudrais être cette parole qui se pose là.

Cette parole qui dit ce que nul ne dit plus.

Que la misère et l’ignorance sont les mamelles.

Les mamelles où tètent les idées rances, les pensées avariées.


Bien sur la violence du propos dit ainsi.

Mais tellement abasourdi devant les insultes proférées, les appels au crime.

Tellement écoeuré de cette absence de retenue.

Les monstres sont lâchés dans l’arène, pour la plus grande joie des possédants.


J’hésite parfois à lâcher les brides de ma plume.

Elle pleure en secret plus souvent qu’à son tour.

Tant avant moi qui ont crié, chanté, clamé l’innocence des pauvres.

Tant qui auraient voulu d’un mot renverser le pouvoir abusif des tyrans.


Tant d’années sous le joug de l’impuissance qu’il faudrait désormais la force de Titan pour remonter la pente.

Il faudrait aller sous vos balcons fleuris, sur vos paliers en lambeaux clamer la parole contraire et la faire entendre.

À laisser médias sans état d’âme clamer leurs insanités, on vide l’humain de sa substance.

Qu’on vienne me parler des crimes du stalinisme viendrait bien sûr me contraindre à mettre dans la balance ceux du capitalisme.

Or un mort est un mort de trop quelque soit le camp qui l’exécute.

Un mort de trop pour la simple raison que nous nous laissons déposséder de notre langue contraire, de notre propos issu des communs.


Xavier Lainé


24 juin 2021 (2)


dimanche 27 juin 2021

Las

 




Tandis que dehors le monde court à sa perte.

Que le pire s’annonce sous visage dé-diabolisé des cyniques.

Vous restiez l’oeil rivé sur vos écrans, regardant d’un air absent vos séries télévisées, poussant vos bonbons sur des grilles de jeux sans intérêt.

La maison brûle, menace ruine, vous regardez ailleurs.


La maison brûle, menace ruine, vous regardez ailleurs.

Le vieux militant s’affaisse contre un mur.

Il ferme les yeux ne pouvant croire en ce cauchemar.

Il voit les légions barbares s’avancer dans un silence pesant.

Il vous contemple dans vos jeux absurdes, vos yeux rivés sur vos séries.

Il se ronge de l’intérieur pour ne pas se mettre en colère furieuse.


Demain nous serons tous sous le glaive de nos actes.

Qu’un silence glacé accompagne nos errements ne fait qu’accroitre la douleur.

Douleur de devoir vivre devant ce triste spectacle.

Devant cette vision terrible de votre abandon aux griffes de vos maîtres.

L’esprit vide, vous allez, comme si de rien n’était.

La maison brûle mais vous regardez ailleurs.

La maison brûle mais vous fermez les yeux.

Vous annoncez votre fatigue de vivre, d’une vie réduite à peu de chose : le lit, la chaise, mais toujours un écran à la main.

Vous ne pouvez vous en passer.


Chaque jour nous fait faire un pas vers le chaos.

Comment arrêter la machine infernale ?

Comment cultiver l’esprit nécessaire au sursaut ?

Mes paupières tombent de lassitude.

J’avais cru un instant possible le cheminement des consciences.


Xavier Lainé


21 Juin 2021 (2)


samedi 26 juin 2021

Victoires à la Pyrrhus

 




Lundi de pleurs, de larmes de crocodiles.

On se lamente. Ici et là, on persiste à oublier l’histoire.

On persiste à ne pas s’observer au miroir tendu par les abstentionnistes.


Pas plus tard qu’hier, me faisait rire au nez d’avouer aller voter.

Pas plus tard qu’aujourd’hui les mêmes ironisent encore.

Ils ne voient pas qu’ils signent leur propre défaite.


Bien sur au nom de l’anarchie, on peut refuser de participer.

On peut aussi baisser son froc devant la violence.

On peut tenir discours incohérent sous l’emprise des addictions.


On pourrait, au nom de l’anarchie, se mettre à penser plus loin, 

Plus loin que le bout de ses certitudes, de ses convictions 

De ses renoncements devant le chaos annoncé ?


Les pleutres s’avouaient déjà vaincus.

Ils avaient renoncé à toute lutte objective au nom de leur « pureté ».

Ils ne voyaient pas le gouffre ouvert sous leurs pieds.


Un temps gris, lourd et pesant ouvre la parenthèse du jour.

Tu me disais qu’on avait banalisé tous les extrêmes.

Je te disais que non, qu’il ne fallait pas être aussi simpliste.


Ils ont sciemment banalisé le pire pour un illusoire pouvoir.

En banalisant le pire, ils se sont certes maintenus un temps.

Puis est venu le temps des comptes et de la violence larvée.

Juste avant que ne se déchaine les monstres avinés, aveuglés.

Viendra alors le temps de l’oeil pour oeil, du dent pour dent.

De cette loi du talion jaillira le pire dans une guerre sans fin.


Xavier Lainé


21 juin 2021 (1)


vendredi 25 juin 2021

Opinions/convictions 4

 




Je ne réponds à aucun appel qui n’entre en résonance avec mon âme.

Je ne réponds à rien d’autre que ce sentiment de devoir combattre, par les mots à défaut de savoir le faire par les actes, contre l’injustice flagrante d’être né en monde si peu cordial.

Monde si peu cordial qu’il laisse les pires gouverner ceux qui acceptent de se soumettre.

Dès cet instant mes mots cherchent la page, hésitent, se fraient un chemin que certains trouveront fort peu poétique, certes.

Fort peu poétique car il ne cherche pas la satisfaction de n’être lu que par une bourgeoisie qui se prétend « éclairée », qui a la prétention de parler au nom des « manants ».

Je voudrais simplement traduire en mot la colère sourde de n’être jamais considéré comme citoyen libre et égal, quelle que soit la bonne ou mauvaise fortune.

Forts nombreux sont ceux qui font contre mauvaise fortune silence.

Pas bon coeur comme votre esprit l’avait tout de suite échafaudé, mais silence, pesant et souverain face au mépris des nantis de toutes sortes.

N’y voyez là aucune vindicte, juste cette vision de plus en plus claire que ne pourront être sauvés que ceux qui entreront dans la lutte pour leurs propres opinions du monde.

Non celles qui finissent en convictions mal ficelées dans des actes de congrès, dans des motions aussi vite oubliées qu’elles ont été prononcées.


Je fais partie de ceux qui n’ont jamais su se défendre.

Je fais partie de ceux qui ont toujours eu la naïveté de croire qu’il soit possible d’être responsable et honnête.

De ceux qui ont découverts à leurs dépends que selon le niveau de « responsabilité », il ne s’agissait plus de défendre ou débattre d’opinions, mais de préserver, quel qu’en soit le prix payé en naufrages des moins bien lotis, une « réputation », un « pouvoir ».


Xavier Lainé


19 juin 2021 (1)


jeudi 24 juin 2021

Triste époque

 




Le coeur ne se fait pas à l’horreur des dominations vulgaires.

Le coeur a besoin d’exulter, de s’enthousiasmer.


Triste époque, s’il en est encore une, qui nous laisse à sec.

Le bateau de nos rêves posé sur cales, le matin se fait douleur.


C’est douleur de vivre quand plus rien ne vient soutenir

Les pauvres hères laissés sur le bord du chemin.


Je voudrais être au bord de la Bidassoa avec les autres.

J’y voyage par la pensée, puis m’arrête au bas de mon escalier.

Une puissante fatigue me saisit de devoir vivre un nouveau jour.

Dehors n’est que brouhaha d’activités et de moteurs.

On dirait que nous sommes paralysés.

Que nous ne savons tirer aucune leçon.

Que chaque jour passe dans une indifférence coupable.


Mes mots se posent un instant sur mes lèvres.

Je rêve d’une infinie douceur qui viendrait m’emporter.

Le béton a gagné les âmes.

Le béton et l’armure qui nous laissent harassés.


À l’heure des bilans d’existence je marche chancelant.

Aucun vent frais pour soulager mes sueurs.

J’écoute les paroles insipides prononcés sur des rives d’ignorances.


Qu’avons nous raté pour en être à tant de bassesses ?

L’orage gronde au bord d’esprits trop las pour encore réagir.

La vie s’écoule qui ne laisse nulle place à l’espoir.

La vie s’est échouée sur des rives qui se font cimetières.


Xavier Lainé


18 Juin 2021


mercredi 23 juin 2021

Ne suis d'aucun pays

 




Alors tu vois je ne suis d’aucun pays.

Mes pas sont d’éternelles errances.

À défaut de voyager dans l’espace et le temps,

Je me déplace dans ma tête 

Et la terre se fait étroite.


Bien sur en l’été des torpeurs, 

Je suis là réfugié, derrière mes volets tirés.

Je tire des pages vierges la substance d’une pensée.

Je tire des pages noircies ma soif de connaissances.

J’ai vécu.


J’ai vécu sur des rives d’outre-mer.

J’ai vécu sans le savoir dans l’esprit des colonies.

Avec la naïveté de l’enfance, je ne vis rien de l’oppression.

Je garde les yeux ouverts sur le partage enfantin.

Mes billes étaient de verre, les vôtres, de terre.


J’ai vécu.

J’ai vécu un temps infiniment perdu,

Où les souvenirs d’enfance forgent un naïf idéal

D’hommes et de femmes et d’enfants qui se regardent

S’écoutent et se respectent.


J’ai vécu un temps perdu et jamais retrouvé.

J’ai cherché un peu partout les portes et les fenêtres ouvertes.

J’ai cherché dans l’amitié le ferment de nos grandeurs d’âme.

Je me suis tant de fois perdu.

Je me suis noyé sur des rives d’intolérance.

Mes yeux ne croient pas ce qu’ils voient.


Xavier Lainé


17 juin 2021


mardi 22 juin 2021

De chagrin en chagrin

 




Je vais de chagrin en chagrin, suant de flaques en flaques,

Titubant dans la boue de l’histoire, ayant perdu ma boussole d’utopie.


Je vais clopin-clopant, bancal de la pensée, autodidacte hors sujet, 

Toujours à côté de la plaque qui cache si mal les égouts de la pensée.


Je m’en vais depuis toujours avec la tentation de vivre, non de survivre, 

Me cognant aux murs trop étroits d’un monde de calculs ignobles.


Je crie.

Je ne sais faire que ça, 

Je crie.


Sinon qu’avec le temps mon écrit parfois se perd.

Il s’égare dans les crissements tonitruants des pneus sur les avenues, 

Dans l’océan de bêtise que clament des médias que je n’écoute plus.

Incroyable le bruit que fait cette marée noire, 

lorsqu’elle trouve comme alliée un ignorance crasse.


J’écris.

Je ne sais faire que ça.

Ecrire.


Parfois en pure perte et sans savoir où déposer mon verbe, 

Ou ma verve qui jaillit aux fontaines de vie.

Une eau rouge sang coule au robinet des pages.

Une eau d’un rouge à peine atténué des gouttes de rosées

Que font les larmes lorsqu’elles surgissent à flots nourris.

Je m’en vais éperdu accoster aux rives de jours sans.

Plus grand chose à attendre, il ne me reste que l’ouvrage.


Xavier Lainé


16 juin 2021


lundi 21 juin 2021

Opinions/Convictions 3

 




On entre dans le vif du sujet.

Les convaincus cherchent à convaincre.

C’est même la base d’une conception politique des relations humaines : convaincre.

Qu’entendez-vous dans con-vaincre ?

Vaincre.


Vaincre à grands coups d’arguments et de discours.

Mais vaincre c’est écraser, non ?

C’est obtenir la défaite de l’autre, sa ruine et son effacement.

Quand on cherche à convaincre, c’est déjà une domination qu’on impose.

On est sur d’avoir les arguments juste, la vision juste.

On est certain de détenir les clefs que les autres sont sensés ne pas avoir.

Tous les coups sont permis pour convaincre, de la pédagogie douce aux coups bas et aux menaces.

Quand on cherche à convaincre, il ne faut pas s’étonner des coups portés en retour.

C’est juste retour des choses : une domination en appelle une autre.

Et l’humanité en sort exsangue et jamais grandie.


Dans ce monde aux caractéristiques masculines tonitruantes, faire de la politique c’est accepter d’entrer dans ce jeu de dupe.

Les dupés sont ceux qui prennent pour démocratique une forme de débattre à grands coups de convictions.

Ainsi devant un peuple infantilisé, les gouvernants, les élus en tous genres doivent faire preuve de « pédagogie » pour se faire comprendre.

Il ne s’agit plus de causer à des citoyens responsables.

Il s’agit, considérant le peuple comme incapable de réflexion critique, de vaincre ses réticences.

Et le peuple, savamment conditionné depuis l’enfance, se soumet.


Xavier Lainé


15 juin 2021


dimanche 20 juin 2021

Opinions/convictions 2

 




C’est donc bien à pleurer.

Les convaincus de leur vérité font alliance, mais du bout des pensées.

Ils y vont mollement, et le plus souvent à reculons.

Car ils pensent détenir à eux seuls le pouvoir de changer le monde.

Il faut qu’ils parlent au nom de.

Au nom de ceux qui se taisent d’effroi et de fatigue.

Ils se taisent et nul n’entend les taiseux.

Nul n’a de regard pour ceux qui passent à l’ombre.

Tandis que les convaincus vont dans la lumière de leur propre gloire.

Ils ont prétention à rendre le monde humain, mais sans les humains et leurs contradictions.

Ils lorgnent le fond des urnes.

Là où quelques feuillets épars signent leur propre défaite.


Ils demeurent convaincus qu’une fois les cons partis, ne restent que les meilleurs.

Ils sont « l’avant-garde éclairée » d’un monde où les taiseux  ne font que se taire chaque jour un peu plus.

Leur grande bataille c’est la connerie qui les chagrine.

Même si tout le monde sait que parfois on est chagrin à se regarder dans le miroir tendu par l’autre.

C’est toujours l’autre qui a tort.

C’est toujours celui qui par résistance implicite finit, dépité, par se détourner de cette soupe qui n’est qu’insipide brouet.

On ne pense pas, monsieur, on ne voit rien et on n’entend rien, avec ses convictions définitives, monsieur.

On a un objectif, monsieur : vaincre les cons… Mais pas la connerie, car elle est bien utile. Elle permet aux convaincus de l’être vraiment vaincus, mais avec la conviction d’avoir raison.

C’est une tragédie.


Xavier Lainé


14 juin 2021


vendredi 18 juin 2021

Opinions/convictions 1

 




« Avoir des opinions est inévitable, est normal ; avoir des convictions, l’est moins. Toutes les fois que je rencontre quelqu’un qui en possède, je me demande quel vice de son esprit, quelle fêlure les lui a fait acquérir. » Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né.


Au total, c’est à pleurer.

Il ne faudrait ici agir que selon des convictions et avec ceux qui auraient les mêmes.

Il ne s’agit plus d’opinions dont on sait qu’elles peuvent changer au fil des débats, évoluer selon le milieu dans lequel elles se développent.

Non, quand on a une conviction, on n’en change plus.

On met son costume idéologique et on le porte jusqu’à ce qu’il reste collé.


C’est donc à pleurer.

Car dans cette lutte incessante des convictions les unes contre les autres, seul l’ego triomphe.

Car pour les autres, ceux qui ont ou non une opinion, c’est porte fermée.

Au point d’ailleurs que, fatigués, nombre finissent par considérer que si la porte reste fermée, c’est qu’il vaut mieux ne pas en avoir.

Alors ils restent chez eux, y compris lorsqu’il faudrait en exprimer, des opinions, donc aller éventuellement voter, plus souvent manifester.


Mais voilà que les convaincus, dans les bureaux de vote, dans les manifestations se mettent entre eux et regardent de travers ceux qui n’en sont pas.

Rien de plus désagréable que de se sentir observé comme un intrus à partir du moment où on n’appartient pas au camp des convaincus.

Entre convaincus, on combat, on échafaude des plans sur la comète, on a même des solutions pour convaincre ceux qui ont ou pas des opinions.

On part en guerre ou en croisade pour « convaincre ».

Ceux qui ne marchent pas dans cette combine, sont des cons à vaincre.


Xavier Lainé


13 juin 2021


jeudi 17 juin 2021

Quand les habitudes font système

 




Comme d’habitude il me faudrait prendre ma voiture.

Comme d’habitude pour aller manifester dans le chef-lieu du département.

Comme d’habitude y retrouver les mêmes, heureux de voir qu’ils sont encore nombreux, ma foi, à manifester ensemble, malgré le contexte.

Comme d’habitude ils seront heureux de se retrouver en ces heures graves.

Comme d’habitude, ils rentreront chez eux, satisfaits de leur démonstration de « force » devant la préfecture.

Comme d’habitude ils n’auront pas une pensée pour toutes celles et tous ceux qui, ici et là, auraient aimé, eux aussi se dresser contre les idées rances.

Comme  d’habitude, il y aura des centaines de milliers d’oublié de la lutte nécessaire qui resteront chez eux et finiront par admettre le pire.

Comme d’habitude.


Quand on est bourgeois et qu’on ne pense qu’à soi, on peut même être militant.

Quand on est bourgeois dans sa tête, même si prolétaire dans les faits et qu’on milite, on pense d’abord à ses petites idées.

Quand on est bourgeois dans ses actes, on n’aime pas confronter ses pensées à des pensées divergentes.

On vit dans l’entre soi des « bons » militants.

On vit entre retraités de la fonction publique, de l’éducation nationale ou des grandes entreprises d’état.

On ne vit pas parmi les délaissés, les laissés pour compte, mais on milite en leur nom.

On reproduit le schéma du système sans même s’en douter.


On peut donc militer et renforcer ce qu’on combat.

Juste par habitude et aveu de faiblesse.

Aveu de faiblesse involontaire qui laisse en jachère des territoires entiers.

Territoires où les idées rances rampent dans un silence assourdissant.


Xavier Lainé


12 juin 2021


mercredi 16 juin 2021

On ne pense pas, Monsieur, on ne pense pas

 




Dans la société du spectacle, on ne pense pas, monsieur, on comble le vide d'une mousse d'amertume, et on plonge dans l'oubli avec l'ivresse des tout petit soirs...


Dans la société du spectacle, on bouffe de la culture quand on en a les moyens en maudissant les incultes.

Quand on est rangé dans les catégories incultes par ceux qui se vantant d’en avoir, on maudit les cultivés.

D’un côté on critique les ignorants, de l’autre les gens de savoir.


Dans cette piteuse société du spectacle, ne sont que clans, dressés les uns contre les autres.

Tandis qu’au sommet de la pyramide des médiocres, les princes du glauque et du sordide pavanent.

De cette odieuse guerre des uns contre les autres, ne sortent gagnants que les mafieux et les criminels de la fortune.

Les autres n’ont que larmes à ravaler quand ils ne fourbissent pas les armes des mufles hideux.


Dans cette société du spectacle, on t’envoie une gifle, on te la rend au centuple.

On s’insulte, se vilipende.

On se menace de mort ou de blessures.

On met du vinaigre sur les plaies, histoire de laisser l’histoire sanglante sur un chemin privé de toute humanité.

Le scandale n’est ni dans la gifle, ni dans l’outrage.

Le scandale est que cette gifle et cet outrage deviennent si fréquents que nul n’y prêtent plus la moindre attention.

Le seul scandale serait que le prince soit giflé.

Mais que le prince au quotidien ne cesse d’insulter, voilà qui est intégré comme normal.


Xavier Lainé


11 juin 2021


mardi 15 juin 2021

Détourner l'attention

 




Tant de confusions pour ne pas voir.

Pour ne pas regarder en face, c’est simple.

Il suffit de s’amuser, de se divertir !

Le système est passé maître du divertissement.

Voici que l’art, dans toutes ses dimensions, y prend sa place.


Qu’est-ce qu’un artiste ?

C’est celui qui s’amuse en créant des objets d’amusement.

La société du spectacle bat son plein.

Les auteurs se précipitent dans ces grand messes de l’absurde.

Les mots y sont déversé à la tonne.

Qu’importe la pensée du moment qu’on a l’ivresse du divertissement.


Ainsi on peut s’auto proclamer « artiste ».

On peut même y ajouter une majuscule.

Plus l’amusement est grand, plus la majuscule s’impose.

Pour le plus grand bonheur des profiteurs, voici les amuseurs public.


Le principe de l’art n’est plus de contester l’ordre établi.

Mais de détourner les esprits de la vision apocalyptique du monde.

Peu importe qu’on crève devant la porte des théâtres et des salles de spectacle.

Peu importe que, réduite à la misère, l’immense majorité soit se vautre devant les divertissements télévisés.

Peu importe : l’artiste, comme le prince, s’amuse.

Mais qu’il ne s’aventure pas à émettre la moindre parole contraire !

Le couperet de la célébrité, de l’audimat, le réduira à néant s’il s’aventure hors des clous de l’amusement.

Le tout c’est que le bourgeois puisse s’assoir dans les rouges fauteuils de l’hypocrisie.


Xavier Lainé


10 juin 2021


lundi 14 juin 2021

La fin du père

 




Mon père qui est parti pour ne pas voir.

Mon père aux yeux effarés devant la tournure du monde.

Mon père rongé par l’angoisse de la mort refusée jusqu’au dernier souffle.

Mon père retrouvant quelques minutes un regard d’enfant.

Mon père chancelant devant l’effondrement en cours.


Un dernier soupir et ce fut libération.


Je dis depuis l’impossible oubli.

Nous n’étions pas toujours du même avis.

Mais je fus l’héritier d’un humanisme profond.

Je l’ai vu se replier devant la tristesse d’un pouvoir jeune mais si vieux.

Je l’ai vu se ronger pour ne pas se déjuger.


Une liberté fantôme l’a emporté, nous laissant sur la margelle d’un puits de désespoir.

L’eau sombre des jours glauques remonte à la surface.

Il faut un temps de plus jamais ça.

Il faut un temps de paroles vives.

Il faut un temps d’espoir et de lutte.


Nous voici devant le vide abyssal des idées sans lendemain.

La fatigue me gagne à mon tour.

Je gagnerai beaucoup d’argent, dit le fils du fond de son lit.

Mais je ne ferai rien pour ma propre vie, ni la lutte ni l’étude.

Le poids s’accumule sur les épaules du père.

Un jour, ce sera moment de l’affaissement.


Les temps vont mauvais dont il faudrait se saisir.

Temps de tristes violences, de sales invectives.


Xavier Lainé


9 juin 2021 (2)