lundi 14 juin 2021

La fin du père

 




Mon père qui est parti pour ne pas voir.

Mon père aux yeux effarés devant la tournure du monde.

Mon père rongé par l’angoisse de la mort refusée jusqu’au dernier souffle.

Mon père retrouvant quelques minutes un regard d’enfant.

Mon père chancelant devant l’effondrement en cours.


Un dernier soupir et ce fut libération.


Je dis depuis l’impossible oubli.

Nous n’étions pas toujours du même avis.

Mais je fus l’héritier d’un humanisme profond.

Je l’ai vu se replier devant la tristesse d’un pouvoir jeune mais si vieux.

Je l’ai vu se ronger pour ne pas se déjuger.


Une liberté fantôme l’a emporté, nous laissant sur la margelle d’un puits de désespoir.

L’eau sombre des jours glauques remonte à la surface.

Il faut un temps de plus jamais ça.

Il faut un temps de paroles vives.

Il faut un temps d’espoir et de lutte.


Nous voici devant le vide abyssal des idées sans lendemain.

La fatigue me gagne à mon tour.

Je gagnerai beaucoup d’argent, dit le fils du fond de son lit.

Mais je ne ferai rien pour ma propre vie, ni la lutte ni l’étude.

Le poids s’accumule sur les épaules du père.

Un jour, ce sera moment de l’affaissement.


Les temps vont mauvais dont il faudrait se saisir.

Temps de tristes violences, de sales invectives.


Xavier Lainé


9 juin 2021 (2)


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