dimanche 31 octobre 2021

C’est toujours l’automne quelque part 5

 




C’est un problème

La chute des feuilles

Puis les branches nues

Le froid qui dure

Qui s’incruste 

T’invite au coin du feu


C’est un problème 

De sève qui descend

S’en va aux racines

Puiser sa résurgence

Lorsque nuit s’efface

Laissant sa place

Au grand jour des âmes


C’est un problème

Moins grand problème

Que ce froid en dedans

Qui te gagne à regarder

Comme papillons de nuit

Tant d’âmes se griller 

Les ailes déployées


Tu arpentes les chemins

Dans les senteurs d’humus

De mycelium discret

Sous l’écorce râpeuse

Un soupir s’exhale

Qui t’emporte au loin


C’est un problème


Xavier Lainé


24 octobre 2021


jeudi 28 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 28

 



Le baiser - Théodore Géricault




Je reviens à la semaine sainte.

À ce passage du fier cuirassier au mousquetaire du roi.

Et pour finir à cette série d’études sur les naufrages.

Car c’est bien ce que tu as du ressentir dans ta chair et ton esprit : le naufrage.

De restauration en cent jours, il ne restait plus rien de l’esprit de la Révolution.

Ceux qui voulaient en maintenir la flamme étaient renvoyés à la clandestinité.

Ils vivaient sous la surveillance étroite des polices royales ou impériales qui ne supportaient pas qu’on puisse penser autrement que le roi ou l’empereur.

Point de parole contraire non plus en ces temps d’instabilité d’où le peuple est notablement absent.

Absent à qui tu donnes vie et présence.


Naufrages, fièvre jaune à Cadix, accident du travail, morts soudaines ou prévisibles, c’est l’image de vies en souffrance qui surgit de la toile, du papier, en esquisses ou toiles majeures.

Te voilà imaginant le déluge, les corps ballotés au fil du courant, les nuées sombres qui s’accumulent tandis qu’une femme, une seule émerge, candide, de ton imagination.

C’est ta voisine, rue des Martyrs, où tu séjournes auprès d’Horace et de la famille Brot, elle-même en relation étroite avec les milieux clandestins de la contestation.

Rois et empereur le savent, on complote, on spécule sur leur déchéance, mais ils ont le pouvoir et en usent.

Quelques têtes coupées suffisent momentanément à calmer les ardeurs populaires.

Ils sont nombreux, les complotistes à perdre la tête sur le billot du triomphe bourgeois.


Xavier Lainé


28 juillet 2021 (2)


mercredi 27 octobre 2021

C’est toujours l’automne quelque part 4

 






Me voici comme feuilles d’automne

Je me plie et me replie

Je me dessèche à n’en plus finir

Qu’un vent survienne

Me voici emporté dans son souffle


Me voici comme feuilles d’automne

Une pluie de larmes ne cesse de couler

En dedans sous ma peau comme sève

Mes racines se serrent sur les roches

Cherchent désespérément assise

Pour ne point tomber


Me voici comme feuilles d’automne

Aussi blanches dedans que dehors

Les tempêtes se déchaînent et m’emportent

Je n’ai point l’or à offrir au soleil

Juste une cargaison de peines


Me voici comme feuilles d’automne

Mon regard embrasse les matins calmes

Mon front sue encore sous les assaut

D’un été qui refuse de céder le pas

Je m’épuise à tenir pour ne pas démériter


Me voici comme feuilles d’automne

Répandues sur les mousses qui me font lit

Où je rêve de m’endormir jusqu’au printemps

Pour oublier les frimas à venir 

Les souffrances en jachère

Fermer les yeux une bonne fois


Xavier Lainé


28 septembre 2021


mardi 26 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 27

 



Le baiser - Théodore Géricault




Tu vois, je perds pied, parfois je m’absente, je n’arrive plus à suivre.

Une vie si courte et tant d’oeuvres léguées à la postérité.

Un tel jaillissement en phase totale avec ton monde.

Tout juste trente années avant que la camarde ne t’emporte.

Le dix-neuvième siècle jaillit des ruines d’un passé agricole, aristocrate.

Tu en mesures mais moins qu’Eugène la folie.

Ça viendra.


Nous sommes nous à l’autre bout de cette démesure.

A l’autre bout d’une chaine qui d’un trop plein donne naissance à du vide.

Nous ne savons plus très bien de quoi remplir nos existences.

Alors on va par milliers contempler ton radeau de la Méduse.

Voyons-nous le symbole ironique posé là sur le mur d’un musée ?

Sommes-nous à ce point vidé de notre substance que nous ne savons plus lire sur la toile, la folie qui gagne ?

Qui s’intéresse encore vraiment à toi, Théodore, peintre de cet intermède entre un monde et un autre.

Les monstres sont là pourtant qui nous regardent.


Nous arrivons au terme de cette démesure.

Regarde, Théodore, nos vies qui s’étiolent sur une terre épuisée.

Regarde ces gens qui fuient sur combien de radeaux d’infortune et que nous n’avons même plus la dignité de voler à leur secours.

Combien de radeaux de la Méduse, combien de capitaines de pays qui ne seront eux jamais jugés à l’instar du capitaine de la frégate Méduse.

C’est ce qu’il nous faut apprendre à lire dans les regards affolés de ta toile devenue célèbre, mais qu’on ne fait plus que regarder en passant.

Nous ne savons plus lire, Théodore, dans les symboles pourtant brandis sous nos yeux.

Tu ne fus sans doute pas le premier à vouloir nous ouvrir les yeux.


Xavier Lainé


28 juillet 2021 (1)


lundi 25 octobre 2021

C’est toujours l’automne quelque part 3

 




L’exercice est délicat

Prendre de la hauteur 

Lorsque sentiment d’injustice te submerge

Est vertigineux.


Bien sur dehors il fait soleil, 

Les oiseaux chantent

Ils envahissent le pin parasol

Ils ont tant à se dire

Sur ce que les hommes font

En ce monde qu’ils ignorent.


L’exercice est délicat

Il me mène sur des rives de vertige

Sans savoir vers où demain

Diriger mes pas.


Il y a

Le bruit de la vie

De tous ces gens

Qui vont et viennent

Sans qu’apparemment

Les restrictions de liberté

Ne les touche.


Je ne sais s’il faut admirer ou plaindre

Peut-être un jour

Lorsque l’hiver sera venu

Viendra l’heure des sourdes plaintes

Je ne serai peut-être plus là

Pour négocier la moindre défense.


Xavier Lainé


25 septembre 2021


dimanche 24 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 26

 



Le baiser - Théodore Géricault




Certains parleraient ici « d’illumination » suivant en ceci Arthur qui ne croisa jamais Théodore.

D’autres viendront le ranger au rang des romantiques, cherchant amour et joie de vivre introuvables lorsque l’histoire s’emmêle.

Je reviens à la Semaine sainte. Je reviens à la boue des chemins creux et à la cruelle désillusion.

On croit se battre pour un pays, pour des idées, gros-Jean comme devant, on s’en va solitaire, creuser le sillon de l’art, histoire de n’avoir pas vécu pour rien.

On tente de laisser une trace, qui sera libre d’être suivie ou d’être effacée.

Que fait le temps sur l’oeuvre sinon la valider où la faire disparaître dans les oubliettes.


Je croise encore le chemin de Théodore.

Je m’avoue désappointé devant sa forme d’engagement.

Il brûle sa vie sur les toiles. 

Il brûle et sa combustion livre les derniers vestiges d’un temps de naufrages.

Nous les connaissons bien, ces moments où tout flanche.

Théodore veut croire encore à l’acharnement de la vie.

C’est sans doute là son mérite : il y croit encore.

Il se cramponne sur les rames d’un frêle esquif.

Il tente de survivre sur le radeau du siècle.

Le problème reste entier : à trop faire confiance aux démiurges, la vague nous terrasse.

Et nous allons, muets, chevauchant la houle, les cheveux aux quatre vents.

Nous allons, sans très bien savoir vers quoi, sinon la nécessité de vivre encore un peu, juste pour voir ce que sera le monde, après.

De générations en générations, il y a ce rêve fou : prédire un monde d’après qui soit moins pire que celui-là.


Xavier Lainé


27 juillet 2021


samedi 23 octobre 2021

C’est toujours l’automne quelque part 2

 







Je rêve et mes pieds avancent

Ils avancent malgré moi

Je ne sais ce qui les pousse

Puisque tout inviterait au recul.


Je rêve et mes pieds avancent

Sous les feuillages en parures d’été

Assis dos contre le tronc

Je sens la sève qui lentement descend.


Je rêve et mes pieds avancent

Je m’assois dans le creux des racines

Le monde est si loin dans les brumes

Je goute le silence et l’oubli.


Je rêve et mes pieds avancent

Avancent et je prend du recul

Pour ne pas sombrer sous le joug 

D’un pays meurtri qui s’enfonce.


Je rêve et mes pieds avancent

Je ne sais où aller qui soit rivage

D’infinie tendresse à partager

De repos où déposer nos tourments.


Je rêve et mes pieds avancent

Je sais derrière chaque feuille tombée

L’avenir d’hiver qui pointe son nez

J’ai déjà froid dans l’aube humide.


J’ai fait ce que j’ai pu en l’automne de vivre.


Xavier Lainé


23 septembre 2021


vendredi 22 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 25

 



Le baiser - Théodore Géricault




L’art se fait ici témoin d’un monde qui vacille sur ses bases et qui ne cessera plus de tanguer au gré des mouvements des forces sociales qui le composent.

Ça se contracte, ça se rétracte, ça éclate en mille directions.

Théodore n’a mis que trente ans à poser ce regard acerbe sur le monde qui était le sien.

Son regard continue à nous interroger par delà les siècles.

Par monde, il me faut entendre une réduction de celui-ci à la sphère anthropomorphique.

Cette réduction s’impose pour ne pas rendre le mouvement des pensées, des flux créateurs plus complexes à comprendre.

Je ne suis pas seulement cette individualité qui écrit, qui rencontre Théodore en passant par Gustave et Eugène, par je ne sais quelle gymnastique ou combinaison ou alchimie de la pensée.

Je suis ce que le tout monde me fait.

Je plonge dans un flux qui me traverse comme il traversé Théodore courant dans les chemins creux à la poursuite d’un roi en fuite.

Théodore traduisant la gloire puis la déchéance d’un empire.

Théodore abordant la souffrance de l’esclavage rétabli par l’empereur en fuite.

Théodore dont les tableaux d’abord incompris par une bourgeoisie en phase montante, furent ensuite adulés par ces mêmes qui y virent la montée de leur triomphe.


Je n’ai pas d’existence sinon aux yeux de ceux que je croise au hasard de ces flux qui dirigent mes mots vers des rivages inattendus.

Je n’aurais, par exemple, jamais autant écrit sur Théodore si, honteux de voir célébrer la Commune sans en retenir les fondements sociaux, je n’avais rencontré Gustave, puis Eugène et par une étrange alchimie La semaine sainte de Louis.


Xavier Lainé


26 juillet 2021


jeudi 21 octobre 2021

Filigranes 108

 




Le voyage en terre d'écriture et d'amitié se poursuit. 

Celui-ci, avec la revue Filigranes, a commencé en 1989 et se poursuit depuis, presque à chaque numéro. 

Voici donc un extrait du texte publié en Filigranes 108. 

Commandez la revue, abonnez-vous pour la soutenir, faites abonner les médiathèques, Filigranes est une belle aventure d'écriture et d'amitié : Filigranes la revue


Si petit sur l’échelle du temps (extrait)


...


J’écris. Je gravis la montagne des mots.

Plus haut l’univers me surplombe.

Je suis si petit, si frêle, en équilibre sur ce chemin de crête.

Dans un creux je me blottis.

Je voudrais oublier, moi aussi, oublier…


...


Xavier Lainé


dimanche 10 octobre 2021

Pensées fragmentaires 5 - Toujours le tunnel

 



JEAN LOUIS THÉODORE GÉRICAULT - Le radeau de la Méduse (Musée du Louvre 1818-19)



« L’oppression totale, la misère totale risquent des rejeter chacun dans une quasi-solitude. La conscience de classe, l’esprit de solidarité sont encore l’expression  d’une certaine santé qui reste aux opprimés. » Robert Antelme, L’espèce humaine


« Partir

Sur ce chemin est un départ

Revenir, un autre départ

Qui a effacé le chemin du retour ? »

Hala Mohammad, Les hirondelles se sont envolées avant nous



Il n’est pas de science sans conscience, et pas de conscience sans doute, donc…

Mais qu’appelle-t-on science exactement, nul ne le sait.

Le mot science est mis résolument à toutes les sauces.

Il n’est plus un domaine qui ne réclame sa scientificité.

Tout s’adosse à ce mot psalmodié comme un mantra.

Il n’est jusqu’à la vie qui n’en devienne l’objet, décortiquée jusqu’à la moelle pour tenter d’en comprendre les plus intimes secrets.

Mais voici qu’ils nous échappent, se plient mal aux statistiques, aux savants  calculs.


On insiste, on veut tout prouver scientifiquement, enfermés dans un positivisme qui permet de se rassurer et veut mettre un terme à nos doutes.


*


Me voici proie de ces derniers : ne sais plus de quel droit encore écrire.

Je vous vois en quête de certitudes, quand la complexité du monde ne nous en autorise aucune.

Je ne sais pas, je ne sais plus.

Parfois je parle, puisque vous m’y invitez, mais ne sais si ce que mes lèvres articulent mérite la moindre attention.

Mon savoir est si mince.

Il n’existe qu’en jetant des ponts de vous à moi.

En articulant ma pensée à la multitude des autres, en recherche de ce qui nous fonde à exister.

Mes mots hésitent, ne jaillissent plus avec la même aisance.

Il y a une fatigue de vivre en régime de ségrégation implicite ou explicite.

Les uns s’arrogent le droit de parler et d’écrire, les autres cherchent parole les confortant dans leur façon de voir, les deux, peut-être, se trompent, comme moi, ne sachant vraiment quel chemin suivre qui nous sortirait de l’obscurité.


D’hier à aujourd’hui il fallait en passer par l’usage.

Celui d’agiter le diable pour maintenir un pouvoir.

Puis insidieusement d’en adopter le discours jusqu’à inviter à se situer selon de tristes indentités figées.

Signes constants du rejet de l’autre, des différences.

Que vous soyez de souche (c’est bête une souche, même si ça peut héberger quelques espèces discrètes), ou fuyant les armes brandies, vendues et utilisées, vous irez de camp de rétention en voyage de retour vers la mort, sans que nul ne proteste : vous voici parmi les invisibles.


*


Ainsi vont-ils, nous réduisant à cette invisibilité.

Nul n’entendra nos cris, nos appels au secours, puisqu’ils vont, persuadés d’avoir raison contre vents et marées.

Combien sommes-nous, meurtris au plus profond depuis ce funeste mois de juillet 2021 ?

Combien serons-nous à découvrir l’impossibilité de nous en remettre et de pardonner ?


Bien sur, ils vont, larme à l’oeil, suivre le cortège funèbre d’un des fossoyeurs de l’industrie. Qu’ils soient de droite comme de soit disant gauche, les cadavres planqués sous le tapis sont vite oubliés.

Leur monde est ainsi, sans pitié.

Qu’on s’y tue au travail, qu’on s’y suicide de désespoir ne les atteints jamais. À défaut de commettre le crime eux-mêmes, ils ont leurs agents qui prendront peine avec sursis tandis que d’autres, qui n’ont fait que crier leur douleur, seront condamnés pour longtemps.

Pendant que nous tentons encore de soigner, eux planquent leur oseille volée dans des paradis, puis viennent nous donner des leçons à grand coup de discours humanistes.

La traversée pénible du XXème siècle où l’homme a été réduit à n’être que producteur et consommateur ne sert de leçon à personne. On continue à briser des vies au nom d’une légalité fondée sur des visions scientifiques contestables.

Ils ne savent rien du doute nécessaire au raisonnement.


*


Tout passe par la balance bénéfices/risques.

Nos vies, nos pensées, nos soupirs et nos émois.

Balance bénéfice/risque.

Vont ainsi la plupart des gens, satisfaits d’être du bon côté de la balance.

Ouf ! Ce n’est pas pour cette fois-ci, qu’ils se disent.

La balance les a mis ici et les autres là.

Comme ils s’en sortent, tout va bien, pas un regard pour les autres : n’avaient qu’à pas se mettre du mauvais côté.


Tout passe par la balance bénéfice/risque.

Voter n’est plus qu’un leurre puisque la balance a dit que.

On vient même lire dans vos têtes ce à quoi vous pensez si vous pensez encore.

Car le mieux c’est de ne pas.

Ne pas penser, ne pas réagir des fois que la balance s’inverse.

C’est douloureux de passer du mauvais côté, ça oblige à se sentir plus proche.

Plus proche des milliers de noyés, rescapés des bombes et de la misère, puis laissés par le fond du côté des risques.

Plus proches des milliers morts de froid et de faim loin de tous les regards placés du côté des bénéfices.

Les bénéfices ?

Une paire de pantoufles, un home cinéma, une maison bien proprette avec portail électrique, une piscine et terrasse à balustrade façon Versailles rococo, un grand lit où se perdre en infinies sexualités débridées, sous l’oeil de réseaux toujours du côté des bénéfices.


Alors je me sens perdu, là, devant mes pages devenues muettes.

J’ai la nausée sans cesse qui me guette, l’esprit qui frappe aux parois de mon crâne cherchant une sortie honorable.

Mais rien, rien que cette balance qui, depuis toujours, de mon côté, penche vers les risques qu’il faut bien assumer, même s’ils me sont imposés par les nombreux actionnaires du bénéfice.

Ceux qui en sont les grands gagnants et ceux qui les servent, par leur silence complice, leurs plaintes timides avant de rechausser leurs pantoufles, du bon côté, tant que possible.


Il y a une logique à l’enterrement en grande pompe du roi des gagnants, même si ses victimes sont passées en pertes, sous le tapis.

C’est la logique du tri entre risque et bénéfice, celle qui permet de faire le tri entre bons et mauvais.

Il y a d’un côté ceux qui aident le gouvernement, et ceux qui n sont rien.

Les uns, on les rapatrie à grand frais, les autres pourront se noyer.

Logique implacable des risques et des bénéfices.

Il y a ceux qui peuvent entrer car ils sont bien propres sur eux et ceux qui restent dehors, non qu’ils puent mais leur esprit critique les rend suspects.

C’est une logique, une mortifère logique désormais admises : vous devez être du côté des bénéfices à défaut vous prenez le risque de votre perte.

Le trou dans l’eau se referme vite dans le silence complice de tous, y compris ceux qui viendront, un temps de campagne, vous clamer qu’il faut être solidaires.


Je ne sais pas vous mais moi, ce monde là me flanque le bourdon.

Ce n’est plus un question de vaccin, ou de virus, c’est une logique qui me fait vomir. 

Une logique et un sentiment de déjà vu, même si nos « plus jamais ça » résonnent encore sur les pavés où errent nos âmes desséchées.

Mes pages restent blanches sous ce fardeau. 

J’avance un peu livide au devant des tempêtes qui s’annoncent, où ceux qui s’imaginent être du bon côté finiront par passer sous les fourches Caudines de leur humaine défaite.



Sans date


Xavier LAINÉ

vendredi 8 octobre 2021

C’est toujours l’automne quelque part 1




 


Je pourrais me laisser glisser

Avec délectation et bonheur

Sur ces douces rives saisonnières

Je m’y glisse pour mieux survivre

Puisque temps n’est plus à vivre


Puisque temps n’est plus à vivre

Je glisse dans l’enveloppe du jour

Un rayon lumineux de poésie

Les feuillages sont encore d’été

Il attendent encore un peu


Ils attendent encore un peu

Leur rendez-vous saisonnier

C’est un drôle de moment

Que celui de feuilles tristes

Pas encore mortes et enterrées


Pas encore mortes et enterrées

Les feuilles comme les hommes

Les hommes libres dans leurs têtes

Libres dans leurs pieds

D’aller et venir sans contrôle


L’humus est toujours accueillant

À qui sait s’y réfugier

On y respire bien mieux

Qu’en villes tentaculaires

Qui ne savent rien du silence

Rien non plus de cette complicité



Xavier Lainé


22 septembre 2021