vendredi 22 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 25

 



Le baiser - Théodore Géricault




L’art se fait ici témoin d’un monde qui vacille sur ses bases et qui ne cessera plus de tanguer au gré des mouvements des forces sociales qui le composent.

Ça se contracte, ça se rétracte, ça éclate en mille directions.

Théodore n’a mis que trente ans à poser ce regard acerbe sur le monde qui était le sien.

Son regard continue à nous interroger par delà les siècles.

Par monde, il me faut entendre une réduction de celui-ci à la sphère anthropomorphique.

Cette réduction s’impose pour ne pas rendre le mouvement des pensées, des flux créateurs plus complexes à comprendre.

Je ne suis pas seulement cette individualité qui écrit, qui rencontre Théodore en passant par Gustave et Eugène, par je ne sais quelle gymnastique ou combinaison ou alchimie de la pensée.

Je suis ce que le tout monde me fait.

Je plonge dans un flux qui me traverse comme il traversé Théodore courant dans les chemins creux à la poursuite d’un roi en fuite.

Théodore traduisant la gloire puis la déchéance d’un empire.

Théodore abordant la souffrance de l’esclavage rétabli par l’empereur en fuite.

Théodore dont les tableaux d’abord incompris par une bourgeoisie en phase montante, furent ensuite adulés par ces mêmes qui y virent la montée de leur triomphe.


Je n’ai pas d’existence sinon aux yeux de ceux que je croise au hasard de ces flux qui dirigent mes mots vers des rivages inattendus.

Je n’aurais, par exemple, jamais autant écrit sur Théodore si, honteux de voir célébrer la Commune sans en retenir les fondements sociaux, je n’avais rencontré Gustave, puis Eugène et par une étrange alchimie La semaine sainte de Louis.


Xavier Lainé


26 juillet 2021


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