jeudi 28 octobre 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 28

 



Le baiser - Théodore Géricault




Je reviens à la semaine sainte.

À ce passage du fier cuirassier au mousquetaire du roi.

Et pour finir à cette série d’études sur les naufrages.

Car c’est bien ce que tu as du ressentir dans ta chair et ton esprit : le naufrage.

De restauration en cent jours, il ne restait plus rien de l’esprit de la Révolution.

Ceux qui voulaient en maintenir la flamme étaient renvoyés à la clandestinité.

Ils vivaient sous la surveillance étroite des polices royales ou impériales qui ne supportaient pas qu’on puisse penser autrement que le roi ou l’empereur.

Point de parole contraire non plus en ces temps d’instabilité d’où le peuple est notablement absent.

Absent à qui tu donnes vie et présence.


Naufrages, fièvre jaune à Cadix, accident du travail, morts soudaines ou prévisibles, c’est l’image de vies en souffrance qui surgit de la toile, du papier, en esquisses ou toiles majeures.

Te voilà imaginant le déluge, les corps ballotés au fil du courant, les nuées sombres qui s’accumulent tandis qu’une femme, une seule émerge, candide, de ton imagination.

C’est ta voisine, rue des Martyrs, où tu séjournes auprès d’Horace et de la famille Brot, elle-même en relation étroite avec les milieux clandestins de la contestation.

Rois et empereur le savent, on complote, on spécule sur leur déchéance, mais ils ont le pouvoir et en usent.

Quelques têtes coupées suffisent momentanément à calmer les ardeurs populaires.

Ils sont nombreux, les complotistes à perdre la tête sur le billot du triomphe bourgeois.


Xavier Lainé


28 juillet 2021 (2)


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