dimanche 9 juillet 2023

Pousser les portes du devoir (Un chemin étroit avec Gide) 17

 



Vierge voilée de Giovanni Strazza (XIXème sicèle)

(Photographie glanée ici : Livingstone)


« Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent… Toute connaissance que n’a pas précédée une sensation m’est inutile. » André Gide, Les nourritures terrestres


Car je ne cesse d’apprendre de mes expériences.

Pas de celles, évanescentes, construites par ma pensée mais de celles, vécues dans mes sens.

Je ne sais rien de la texture d’un tissu sans l’avoir effleuré.

Je ne sais rien de la douceur d’un baiser avant que mes lèvres n’en aient ressenti la tendresse.

Je ne sais rien si mes sens ne m’informent pas du doux ou de l’âpre.


Je ne sais rien sinon l’idée que je m’en fais.

Je pourrais vivre dans un monde peuplé d’idées, de suppositions.

Ce monde là serait d’une tristesse absolue.

J’ai besoin du regard de mes mains pour percevoir un frémissement dans votre musculature.

J’ai besoin de mes oreilles pour entendre un soupir de soulagement.

J’ai besoin de tout mon être à l’écoute pour, dans un infime détail, découvrir ce qui cause tourments.


Je suis de ces êtres qui ont besoin d’étreindre, d’embrasser.

C’est ma respiration.

Je ne comprends pas les humains qui gardent la distance entre eux pour éviter de trop sentir ce qui se trame au coeur de l’autre.

Je suis de cette espèce qui ne connaît rien tant que le contact ne s’est pas établi.

Qu’un frémissement arrive dans les traits d’un visage, une étrange alchimie s’invite au tréfonds de mes sens et émotions qui m’invite à vous laisser avec cette douceur ou à poursuivre plus loin.

Ça ne s’analyse pas enfermé de pensée, mais ça ne fait que la nourrir.

Ce que je sens m’invite à réfléchir à notre nature qui ne peut être emprisonnée derrière les barreaux des strictes convenances.



Xavier Lainé

17 juin 2023


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