C’était moment de douceur sous les étoiles.
Moment d’amitiés hors des sentiers battus, moment de musique aussi envahissant l’espace.
Mes yeux fatigués regardaient la jeunesse (et la vieillesse aussi qui demeure jeune quand elle chante).
Mes yeux ne savent plus, à l’heure des émeutes que dire.
« Vous laisseriez votre jeune de quatorze ans, dans la rue, le soir, piller tout ce qui est sur son chemin de colère ? »
Je reste coi.
Un des miens, un matin, fut ramassé par les gendarmes dans un fossé, en hypothermie et alcoolisé.
Il était sensé être chez des copains…
Que valait ma colère ?
Elle ne pesait pas bien lourd dans la balance de la consommation sans limite.
Il n’est pas possible d’imposer des limites quand l’exemple de l’impunité vient d’en haut.
La morale ne tient qu’à la condition de se montrer exemplaire.
Y a-t-il encore de l’exemplaire quelque part quand, en haut lieu, on ne sait que manipuler, corrompre, insulter, faire preuve d’un cynisme sans limites ?
Quelle morale au commerce débridé qui fait miroiter aux plus jeunes et plus miséreux que tout serait à disposition ?
Quelle morale lorsque le rêve de l’argent roi est répandu d’écran en écran sous les yeux d’une jeunesse qui se sait condamnée ?
On me dit ici que mon propos justifie la violence.
Non, je cherche à comprendre ce qui traverse l’esprit d’un adolescent en proie au mensonge permanent et à l’illusion de vivre sans limites aucune !
Xavier Lainé
2 juillet 2023
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