vendredi 21 juillet 2023

Pousser les portes du devoir (Un chemin étroit avec Gide) 29

 



Vierge voilée de Giovanni Strazza (XIXème sicèle)

(Photographie glanée ici : Livingstone)


« O feinte exquise de l’amour, de l’excès même de l’amour, par quel secret chemin tu nous menas du rire aux pleurs et de la plus naïve joie à l’exigence de la vertu ! » André Gide, La porte étroite


Je glisse.

Je me fond dans la torpeur.

Je ne sais que faire de l’expérience.

Une vie.

Pfff !

Une vie.

C’est trop court.

Et l’impossible retour arrière qui me laisse là.

Qui me laisse las.

D’avoir lutté, combattu, survécu à toutes les épreuves.

Dont l’amour.


Je glisse.

Je me glisse dans les draps de mes rêves.

Je fais marche arrière.

Je n’oublie rien.

Pas victime, pas.

Juste parvenu à l’heure des bilans.

Pour ne pas me cogner contre les murs.


Il faut avoir aimé.

Il faut avoir aimé à tort et à travers pour parvenir à une forme de vertu.

La sagesse est leçon tirée des épreuves, des faux pas, des amours faites et défaites.

Un jour je chante, le lendemain me tais.

Je vais sous le couvercle des nuées d’orage.

Le temps gris sied si bien à mon âme en peine.


Pas mieux que d’autres.

Pas mieux que d’autres j’écris.

Qu’importe le vrai ou le faux.

Tout n’est que masque posé sur un réel qui ne cesse de m’échapper.

Je glisse.

Je dérape.

Je me fourvoie sur des sentiers envahis par les ronces.

Je n’ai rien d’autre à ma disposition que les leçons tirées.

Leçons tirées des moments de désespoir, d’espoir, de rires et de larmes.


Je glisse vers le jour gris.

Je vais vers la porte.

J’ouvre à toutes les espérances la fatigue de mes mains.

Je ne pense pas : j’écoute ; la pensée vient après.

Elle est le sillage que vous laissez.

L’empreinte indélébile de ces milliers de vies déposées avec confiance.

Plus ou moins de confiance.

Parfois une intime méfiance due à l’expérience des impatiences à gagner.

Je n’ai jamais cherché à gagner.

Me suis contenté de vivre et d’accueillir.

Parfois me suis cogné au mur de mes désirs.

Pas assez de sagesses en ces temps là.

Fougue de la jeunesse dresse murs sur le chemin de vivre.

Croire en la raison définitive en est le symptôme.


On se cogne.

Le souvenir de la bosse se fait leçon de vivre.



Xavier Lainé

29 juin 2023


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