dimanche 14 janvier 2024

Une aube se lève derrière les barreaux 22

 




Je partais tôt dans le crépuscule

Confiant dans la route qui me mènerait vers le fils

Frais débarqué d’un train bondé


Je partais tôt

Je n’imaginais pas que mon pays 

Pouvait être pour je ne sais quel motif

Coupé du monde

Que je devrais suivre des voies sinueuses

Me perdre dans une quantité infinie 

De rond-points à l’anglaise

Que je serais comme beaucoup d’autre

Prisonnier d’une nasse infernale


Quand enfin je parvins au but

Je n’eus même pas le loisir de m’arrêter

Une folie de véhicule envahissait tout

Puisqu’un subtil avait placé la gare

En rase campagne sans prévoir 

Moyen d’y parvenir autrement 

Que seul au volant 


Le train était plein

Seuls les trains circulant tard

Demeurent à un prix abordable

Nous en sommes arrivés là

Seuls les riches peuvent voyager tôt

Les autres tournent autour des rond-points de l’absurde

Roulent dans une nuit épaisse d’un hiver enfin là

Suivant chemins buissonniers avant de pouvoir

Enfin dormir un peu


*


Alors que tout semble aller de travers

Que les édiles vaquent en auto-satisfaction

Que chaque jour se montre dériver vers le pire


J’écris : « Requiem pour ceux qui avaient voté pour l'un, persuadés de faire barrage à l'autre. CQFD : c'était bien l'autre face de la même médaille, et au total, c'est la France qui s'en trouve souillée. »


J’écris pour ne pas rester sans rien dire

Pour ne pas laisser le sentiment d’écoeurement déborder

Ainsi mon pays 

Mon pays qui se dit

Pays des droits de l’Homme

Mon pays se vautre

Dans la fange xénophobe

Des imbéciles de souche


C’est bête une souche

Ça ne bouge pas

Ça ne vit pas (en fait c’est faux - mais bon…)

Ça reste là immobile

Ça attend l’usure du temps


J’écris, mon propos attire les mots de Marie, merveilleuse Marie toujours aux avant-postes pour sauver les naufragés

Pour écrire elle aussi sur ces belles âmes qui fuient

Parfois se noient

À qui on ferme

Pour des raisons de sale politique rance

La porte au nez

Préférant les voir noyés

Qu’à nos côtés à bâtir le monde solidaire et tolérant

Que nous pourrions léguer à nos enfants


Marie écrit

Je ne transcrit pas ici son propos

Si beau et si noble

Je me contente de le compléter un peu 


« Pour ma part j'étais convaincu que, face au bulldozer du néo-libéralisme qui aura fait partout dans le monde le lit du néo-fascisme, jouer les castors serait bien insuffisant !

Quant à la "gauche" elle a oublié depuis fort longtemps qui elle était et que son premier rôle n'est pas de jouer les "avant-gardes éclairées" mais d'offrir aux victimes du système les moyens de leur auto-organisation de défense face à un système qui les broie et les laisse proie des pires.

Nous sommes nombreux à ne pas nous en foutre et depuis fort longtemps, mais lentement, tout propos qui visait à une vraie "insoumission" (lorsque le ce mot n'était pas encore une appellation contrôlée) nous vouait à être "exclus" de "l'avant-garde"...

Mon coeur ne cesse d'être aux côtés de ces pauvres gens qui fuient devant le massacre de leur pays (en Afrique en particulier) par les copains du sinistre qui ne cesse de tromper son propre peuple. Ils auront, entre 1973 et aujourd'hui, fait du monde une poudrière dont ils se plaisent à allumer les mèches, semant violence et misère partout où ils prennent le pouvoir dans des simulacres de démocratie (la Vème ici ne doit encore son vernis qu'à ceux qui y font leur lit sans remettre en cause sa nature totalitaire liée au coup d'Etat de 1958).

Malheureusement, au quotidien, je suis bien obligé de constater comment les idées rances se répandent sur une puissante désinformation et une bêtise pandémique !

Il est l'heure de travailler à l'autodéfense des idées d'humanité, de tolérance et d'accueil.

Je ne sais pas comment, prisonniers que nous sommes de notre propre état de survie, mais il est temps.

L'histoire dira qu'en cette première moitié du XXIème siècle, faute d'avoir analysé les démons qui l'habitaient depuis le XXème, la France se sera défigurée pour longtemps… »


J’aurais pu en rester là si

Si les éternelles rancoeurs

Les luttes intestines entre adhérents

De telle ou telle cause

Persuadés de leur raison

Ne venaient ajouter leur fiel


Pendant que les imbéciles se disputent l’os

Les responsables de nos misères mangent la viande



Xavier Lainé

22 décembre 2023


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