lundi 1 janvier 2024

Une aube se lève derrière les barreaux 9

 




J’écrivais que le soutien inconditionnel serait un permis de tuer.

Nous y sommes.


Que faisons-nous ?

Nous regardons ailleurs !

Juste nous nous plaignons et nous plaindrons lorsque les scories de la honte nous retomberont dessus.


Nous regardons ailleurs.

Nous enfonçons le clou des préférences raciales et religieuses.

Nous le plantons et l’enfonçons.

Parfois le marteau se trompe de cible.

Il nous retombe sur les doigts qui tiennent les clous.

Nous érigeons la croix en des Golgotha de honte.

Puis nous allons pleurant sur le triste sort d’un crucifié, trempant nos mains aux bénitiers de l’hypocrisie.

La misère tend une main tremblante devant les porches d’églises plongées dans leurs scandaleuses intolérances.

Nous regardons ailleurs.


Nous apportons, au prétexte de nos actes passés, qui se conjuguaient entre les barbelés de l’histoire, un soutien inconditionnel à ceux qui nous ressemblent : les colons.

Il nous faut dominer et contraindre, expulser et faire disparaître les preuves de nos crimes.

Alors on se tait et on regarde ailleurs.

Guerre ici, guerre là, c’est de guerre lasse sous le joug des misères et des indigences que nous plions l’échine, avec force arguments hautement intellectuels.

Mais unilatéraux, toujours, car il faut une pensée unique en forme de rouleau compresseur pour éteindre les flammes de toute contestation.


Pendant ce temps, pendant ce temps où notre regard se tourne vers un ailleurs sans avenir, des enfants meurent, un peuple est acculé à mourir sans rémission ni compassion.

Je dis qu’à force de vengeance, le nombre de mort sera la croix dont nous ne pourrons jamais nous défaire.

La croix et la souillure.

La honte de voir l’humanité plonger en ses éternels errements.

On cause, on fait de vivants discours, on discute en pesant le pour et le contre, l’importance de telle ou telle guerre pour « notre sécurité » (sic).

Qu’importent les morts : ils ne sont pas de notre famille, de nos amis, de nos philosophies et religions.

Ils sont cet autre honni sans cesse rejeté hors de nos « frontières » !

Et nous faisons le lit des mufles hideux qui partout s’emparât des pouvoirs, creusant encore un peu plus l’engrenage des violences.


Un jour nous nous adonnons en parfaites fêtes hypocrites.

Le lendemain, nous prenons le risque de n’avoir que nos yeux pour pleurer.



Xavier Lainé

9 décembre 2023


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