Une aube se lève
Derrière les barreaux de la vie
Découvrant en ombres chinoises
Les contours sombres
D’une nature capable
De reprendre ses droits
Que sommes-nous sur cette pierre
Qui tourne infiniment
Autour de son soleil
Dans cette banlieue de l’univers
Dont nul ne saurait dire
Qu’un jour nous y existâmes
Tant d’âmes s’y perdent
Tant d’autres s’y endorment
Dans le doux et le tendre
Sous les cendres et les ruines
Tant
Tant que mes bras sont trop minces
Trop courts trop faibles
Pour en supporter les peines
En cueillir les fleurs
En ramasser les perles de rosée
Les grains de frêle gelée
Un hiver arrive qui sème
Ses nuits et ses jours
Jusqu’au coeur des humains
Que nous persistons à devenir
*
Bien sûr
Mesurer sa chance
D’être vivant parmi des vivants
D’avoir un toit
Et de la chaleur humaine en dessous
Bien sûr
Apprécier le moment
Mais
Mais comment oublier
Qu’ailleurs
Ailleurs tant de souffrance
Tant de larmes
Tant de petits corps
Qui ne trouvent plus
Le moindre réconfort
La moindre sépulture
C’était Noël
Un jour pas comme les autres
Mais si semblable pourtant
Un jour qui chaque année
Nous fait regretter le même
Irrémédiablement passé
Qui portait en lui
Les lumières d’une espérance
Noël
Les larmes d’une mère
Les larmes de ma mère
Qui du loin de ses quatre vingt dix printemps
Se demande ce qui arrive à son pays
Ses larmes qui ne changent rien
Tant ceux qui décident
Ont quitté le territoire commun
Que leur importe les larmes
D’une mère de quatre-vingt dix printemps
Dont l’histoire croise
Celle de toutes les migrations
« Qu’allons-nous devenir »
Dit-elle au creux de la fête
Une larme au coin des yeux
Moi
Son fils
Je ne trouve rien à dire
Devant la tragédie qui s’annonce
Comme tant d’autres dans l’histoire
Dont nous ne savons visiblement
Tirer aucune leçon
Xavier Lainé
25 décembre 2023
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