lundi 8 janvier 2024

Une aube se lève derrière les barreaux 16

 




« Ayant perdu cette obligation d'équilibre, d'ouverture au monde qu'appelle la vie, nous sommes condamnés à errer, à rechercher du sens hors du sens. Dans ce contexte, toutes les théories sont valables et toutes sont fausses, et cela n'a guère d'importance. Nous parlons hors du vivant, hors de sa référence ultime et première, de vie et de mort. Nous parlons hors de la vie, là où mots, concepts et théories tissent d'étranges assemblages qui nous immobilisent plus sûrement qu'une toile d'araignée. » Eric Julien, Kogis, le message des derniers hommes


Mais peut-être que j’écris déjà trop tard

Les bruits que font les discours sonnent si faux

Qu’aucun poème ne trouve plus d’issue


Sauf à revenir au temps qu’il fait

À la beauté d’un lever de soleil frileux

Tandis que de partout montent tristes rumeurs


J’écris déjà trop tard

On parle

On parle

On agite les lèvres 

Pour dire

Mais quoi


J’écoute 

Pas n’importe quelle radio

Je lis

Pas n’importe quel journal


Mais


C’est toujours un monde étrange qui vient

À mes oreilles

À mes yeux


J’écoute et je lis

Je vois bien que rien ne change

Tandis qu’on aligne les milliards

Pour une COP

Pour des jeux

Je vois bien que rien ne change

À ce cynisme étalé

Tandis que les enfants meurent sous les bombes

D’autres noyés 

Ailleurs de faim


De quoi parlons-nous

De quoi serais-je encore porteur

Lorsque le monde entre en incandescence


Le monde brûle

Les mots en sont dépourvus de sens


*


J’ai ouvert la porte

Il faisait beau comme jamais

La lumière nous cachait l’ombre et les fumées

Les décombres et les suaires


J’ai ouvert ma porte

Comme j’ai ouvert mes bras tant de fois

Ils se sont si souvent refermés sur le vide 

Laissé derrière eux par les fiers guerriers


J’ai ouvert ma porte à l’amour



Xavier Lainé

16 décembre 2023


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