jeudi 11 janvier 2024

Une aube se lève derrière les barreaux 19

 




C’est un peu idiot

Non

De se cramponner aux mots

Comme à bouée

Au milieu des tempêtes

Mots qui demeurent

Au blanc immaculé des pages

Sans destinataires précis

Sinon qu’ils se doivent d’être déposé

Au risque de noyade



*


C’est une marée de fatigue

Qui inonde mes mots

Mes pages 

Mon cerveau

Mes doigts gourds d’avoir trop touché

Peines et douleurs

Mes épaules fourbues d’avoir trop porté

Trop supporté

Trop soutenu


C’est une marée de fatigue

Qu’aucune fête ne saurait atténuer

Je ne plonge pas dans le sommeil avec délice

Je sombre

Et dans ce naufrage

Je ne distingue que bien peu de mains secourables

Mais la faute m’en incombe

À trop avoir appris à ne rien demander

Pour ne pas courir le risque d’être déçu

On s’habitue aussi à ne rien recevoir


Ça n’est qu’au bout du rouleau

Que le vide se fait récif déchirant 


*


On arrive au port du crépuscule

On ne sait pas comment

Les voiles sont en lambeaux

Le mat est brisé

Les ponts grincent 

La coque est éventrée


Mais


Mais on arrive au port

Dans les tripots ça joue aux cartes

Ça boit les alcools forts

Ceux qui font oublier l’existence 

Et la vague qui emporte les amours


Il ne reste pas grand chose de l’être humain

Sur les récifs d’un temps de vengeances

La haine aveugle fait de l’homme une ombre

La bête qui y sommeille est pire que toutes

Pour oublier ses trahisons et sa misère

Elle boit jusqu’à la dernière goutte

L’alcool fort d’une vie ratée

L’ombre gagne

L’hiver frappe à la porte



Xavier Lainé

19 décembre 2023


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