C’est un peu idiot
Non
De se cramponner aux mots
Comme à bouée
Au milieu des tempêtes
Mots qui demeurent
Au blanc immaculé des pages
Sans destinataires précis
Sinon qu’ils se doivent d’être déposé
Au risque de noyade
*
C’est une marée de fatigue
Qui inonde mes mots
Mes pages
Mon cerveau
Mes doigts gourds d’avoir trop touché
Peines et douleurs
Mes épaules fourbues d’avoir trop porté
Trop supporté
Trop soutenu
C’est une marée de fatigue
Qu’aucune fête ne saurait atténuer
Je ne plonge pas dans le sommeil avec délice
Je sombre
Et dans ce naufrage
Je ne distingue que bien peu de mains secourables
Mais la faute m’en incombe
À trop avoir appris à ne rien demander
Pour ne pas courir le risque d’être déçu
On s’habitue aussi à ne rien recevoir
Ça n’est qu’au bout du rouleau
Que le vide se fait récif déchirant
*
On arrive au port du crépuscule
On ne sait pas comment
Les voiles sont en lambeaux
Le mat est brisé
Les ponts grincent
La coque est éventrée
Mais
Mais on arrive au port
Dans les tripots ça joue aux cartes
Ça boit les alcools forts
Ceux qui font oublier l’existence
Et la vague qui emporte les amours
Il ne reste pas grand chose de l’être humain
Sur les récifs d’un temps de vengeances
La haine aveugle fait de l’homme une ombre
La bête qui y sommeille est pire que toutes
Pour oublier ses trahisons et sa misère
Elle boit jusqu’à la dernière goutte
L’alcool fort d’une vie ratée
L’ombre gagne
L’hiver frappe à la porte
Xavier Lainé
19 décembre 2023
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