« Berlin, 10 mars
La grande manifestation communiste avait été interdite, puis permise, interdite de nouveau, et définitivement autorisée.
Personne ne s'étonnait de ces tâtonnements, de ces fluctuations. Il semble que l'étonnement soit ici une faculté atrophiée, et que rien ne puisse surprendre des gens qui courent les yeux fermés vers ils ne savent quel abîme, quel ciel, et qui vivent en attendant la catastrophe et enivrés de l'attendre. » Joseph Kessel, Les forgerons du malheur
Nous devrions aiguiser notre mémoire
Et en tirer les leçons nécessaires
Bien sûr qu’il faut tirer à boulets rouges
Sur les profiteurs de la vague nauséabonde
Mais
Mais si la vague existe
C’est qu’un fond a été semé
Un fond d’irresponsabilité et de bêtise
Qui arrangeait bien quiconque prétendait au pouvoir
La vague brune ne s’est jamais montrée
À visage découvert
Aux premiers coups de Trafalgar
D’un pays aux abois
La vague brune sait avancer masquée
Surfer sur les vagues du pessimisme
Sur celles du défaitisme et de la dépossession
Elle ne se montre pas tout de suite au grand jour
Elle avance à pas de velours
Dans les vies quotidiennes brisées
Heurtées de plein fouet
Par le mépris et le cynisme affiché
Elle est là
La vague brune
Dans la bêtise assumée
L’arrogance exprimée
Le mépris des autres
Au nom de la gloire individuelle
Elle est là
Dans l’atonie d’un monde
Qui tolère les génocides
Tant qu’ils ne le frappent pas
Dans l’impuissance des Etats
À faire respecter l’humain
Elle est là
La peste brune
Elle gangrène tout
Elle fait croire que tout peut s’acheter
Que tout peut se vendre
Y compris ton âme
Elle s’achète une vertu
Dans la marge des vibrants discours
Qui la stigmatisent
Tandis que les indifférents passent
Dans l’affairement de préparatifs festifs
Elle profite de tout
Vogue à l’aise sur les manifestations interdites
Puis autorisées à condition que
Xavier Lainé
17 décembre 2023
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