Chaque jour je me lève
Chaque jour me demande
Quand vont tomber les sanctions
C’est commode de travailler ainsi
Sous la menace
Justement
De ne plus pouvoir travailler
C’est commode
On se lève
C’est comme si le corps était rompu
Une lassitude poisseuse
Vous suit partout
Vous ne pouvez détourner l’attention
De cette mort sociale
Programmée par d’obscurs administratifs
Qui ne connaissent rien de l’humain
Et particulièrement
De l’humain en souffrance
Leurs menaces vous collent à la peau
Les mains ne savent plus vers où se diriger
Elles savent que peut-être demain
Tout pourrait s’arrêter
Sous le couperet de sanctions inhumaines
Mais qu’ont à faire de l’humanité
Les chiffres institutionnels
Rien
Car aux yeux des « gestionnaires »
Nous ne sommes rien
Vous n’êtes rien
Rien d’autre que des chiffres
Dans une comptabilité dérisoire
*
Ce qu’il me faudrait de chaleur humaine
Pour simplement éprouver petite parcelle de bonheur
Mais voilà que nous sommes sur les récifs
Que notre rafiot tangue dans la tempête
Qu’il est bien délicat de demeurer serein
Lorsque les lourdes nuées s’amoncellent
Je me lève
Une brume épaisse et froide s’étend
Saurais-je retrouver le chemin des rêves
Depuis si longtemps perdu
Sur le fil tendu du temps
Je me lève
Je n’ai plus que vague souvenir
De ce qui faisait de la vie
Un havre de paix et de douceur
Je me lève et j’écris
Je me lève et je crie
Bien évidemment inadapté
À un monde qui ne sait
Qu’envoyer colonnes blindées de chiffres
À la gueule des plus démunis
Je me lève contre
Cette ignominie
Je me cramponne à mon radeau d’humanité
Parfois je bois la tasse
Xavier Lainé
5-6 janvier 2024
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