lundi 29 janvier 2024

Les années passent ! 6

 




Chaque jour je me lève

Chaque jour me demande

Quand vont tomber les sanctions


C’est commode de travailler ainsi

Sous la menace

Justement

De ne plus pouvoir travailler

C’est commode


On se lève

C’est comme si le corps était rompu

Une lassitude poisseuse

Vous suit partout

Vous ne pouvez détourner l’attention

De cette mort sociale

Programmée par d’obscurs administratifs

Qui ne connaissent rien de l’humain

Et particulièrement

De l’humain en souffrance


Leurs menaces vous collent à la peau

Les mains ne savent plus vers où se diriger

Elles savent que peut-être demain

Tout pourrait s’arrêter

Sous le couperet de sanctions inhumaines


Mais qu’ont à faire de l’humanité

Les chiffres institutionnels

Rien


Car aux yeux des « gestionnaires »

Nous ne sommes rien

Vous n’êtes rien

Rien d’autre que des chiffres

Dans une comptabilité dérisoire


*


Ce qu’il me faudrait de chaleur humaine

Pour simplement éprouver petite parcelle de bonheur

Mais voilà que nous sommes sur les récifs

Que notre rafiot tangue dans la tempête

Qu’il est bien délicat de demeurer serein

Lorsque les lourdes nuées s’amoncellent


Je me lève

Une brume épaisse et froide s’étend

Saurais-je retrouver le chemin des rêves

Depuis si longtemps perdu

Sur le fil tendu du temps


Je me lève

Je n’ai plus que vague souvenir

De ce qui faisait de la vie

Un havre de paix et de douceur


Je me lève et j’écris

Je me lève et je crie


Bien évidemment inadapté

À un monde qui ne sait

Qu’envoyer colonnes blindées de chiffres

À la gueule des plus démunis


Je me lève contre

Cette ignominie

Je me cramponne à mon radeau d’humanité

Parfois je bois la tasse



Xavier Lainé

5-6 janvier 2024


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