Je partais tôt dans le crépuscule
Confiant dans la route qui me mènerait vers le fils
Frais débarqué d’un train bondé
Je partais tôt
Je n’imaginais pas que mon pays
Pouvait être pour je ne sais quel motif
Coupé du monde
Que je devrais suivre des voies sinueuses
Me perdre dans une quantité infinie
De rond-points à l’anglaise
Que je serais comme beaucoup d’autre
Prisonnier d’une nasse infernale
Quand enfin je parvins au but
Je n’eus même pas le loisir de m’arrêter
Une folie de véhicule envahissait tout
Puisqu’un subtil avait placé la gare
En rase campagne sans prévoir
Moyen d’y parvenir autrement
Que seul au volant
Le train était plein
Seuls les trains circulant tard
Demeurent à un prix abordable
Nous en sommes arrivés là
Seuls les riches peuvent voyager tôt
Les autres tournent autour des rond-points de l’absurde
Roulent dans une nuit épaisse d’un hiver enfin là
Suivant chemins buissonniers avant de pouvoir
Enfin dormir un peu
*
Alors que tout semble aller de travers
Que les édiles vaquent en auto-satisfaction
Que chaque jour se montre dériver vers le pire
J’écris : « Requiem pour ceux qui avaient voté pour l'un, persuadés de faire barrage à l'autre. CQFD : c'était bien l'autre face de la même médaille, et au total, c'est la France qui s'en trouve souillée. »
J’écris pour ne pas rester sans rien dire
Pour ne pas laisser le sentiment d’écoeurement déborder
Ainsi mon pays
Mon pays qui se dit
Pays des droits de l’Homme
Mon pays se vautre
Dans la fange xénophobe
Des imbéciles de souche
C’est bête une souche
Ça ne bouge pas
Ça ne vit pas (en fait c’est faux - mais bon…)
Ça reste là immobile
Ça attend l’usure du temps
J’écris, mon propos attire les mots de Marie, merveilleuse Marie toujours aux avant-postes pour sauver les naufragés
Pour écrire elle aussi sur ces belles âmes qui fuient
Parfois se noient
À qui on ferme
Pour des raisons de sale politique rance
La porte au nez
Préférant les voir noyés
Qu’à nos côtés à bâtir le monde solidaire et tolérant
Que nous pourrions léguer à nos enfants
Marie écrit
Je ne transcrit pas ici son propos
Si beau et si noble
Je me contente de le compléter un peu
« Pour ma part j'étais convaincu que, face au bulldozer du néo-libéralisme qui aura fait partout dans le monde le lit du néo-fascisme, jouer les castors serait bien insuffisant !
Quant à la "gauche" elle a oublié depuis fort longtemps qui elle était et que son premier rôle n'est pas de jouer les "avant-gardes éclairées" mais d'offrir aux victimes du système les moyens de leur auto-organisation de défense face à un système qui les broie et les laisse proie des pires.
Nous sommes nombreux à ne pas nous en foutre et depuis fort longtemps, mais lentement, tout propos qui visait à une vraie "insoumission" (lorsque le ce mot n'était pas encore une appellation contrôlée) nous vouait à être "exclus" de "l'avant-garde"...
Mon coeur ne cesse d'être aux côtés de ces pauvres gens qui fuient devant le massacre de leur pays (en Afrique en particulier) par les copains du sinistre qui ne cesse de tromper son propre peuple. Ils auront, entre 1973 et aujourd'hui, fait du monde une poudrière dont ils se plaisent à allumer les mèches, semant violence et misère partout où ils prennent le pouvoir dans des simulacres de démocratie (la Vème ici ne doit encore son vernis qu'à ceux qui y font leur lit sans remettre en cause sa nature totalitaire liée au coup d'Etat de 1958).
Malheureusement, au quotidien, je suis bien obligé de constater comment les idées rances se répandent sur une puissante désinformation et une bêtise pandémique !
Il est l'heure de travailler à l'autodéfense des idées d'humanité, de tolérance et d'accueil.
Je ne sais pas comment, prisonniers que nous sommes de notre propre état de survie, mais il est temps.
L'histoire dira qu'en cette première moitié du XXIème siècle, faute d'avoir analysé les démons qui l'habitaient depuis le XXème, la France se sera défigurée pour longtemps… »
J’aurais pu en rester là si
Si les éternelles rancoeurs
Les luttes intestines entre adhérents
De telle ou telle cause
Persuadés de leur raison
Ne venaient ajouter leur fiel
Pendant que les imbéciles se disputent l’os
Les responsables de nos misères mangent la viande
Xavier Lainé
22 décembre 2023
J’aime beaucoup vos poèmes
RépondreSupprimer