lundi 24 octobre 2022

Sans décrocher la lune 9

 



Photographie : XL-Dans la lune (Luke Jerram/Museum of the moon/Biennale Art & culture d'Aix en Provence 2022)




« Dans la mesure où les oppresseurs, pour dominer, s’appliquent  à éteindre la soif de recherche, la curiosité, le pouvoir de créer, qui caractérisent le vie, ils la tuent. » Paulo Freire, La pédagogie des opprimés, éditions Agone— Contre-Feux, 2021


Je m’offrais juste un moment à plonger dans la beauté.

Mes lignes sont bien moins riches que les vôtres, vous qui savez peindre, dessiner, colorer la vie.

Mes lignes ne sont que des lignes, des mots posés, l’un après l’autre qui ne peuvent se détacher d’un chemin toujours rectiligne.

On m’offrit de lire mes lignes, justement, posées aux côtés d’une sorcière dont on ne sait si elle saurait être bénéfique ou maléfique.

On m’avait dit, va à la deuxième formule, alors j’y suis allé.

Vous m’avez invité à lire, mais j’ai trouvé moyen de me défiler, de remonter très vite en mon état lunaire habituel.

On n’en descend pas facilement, vous savez.


C’était juste un moment, gracieusement offert.

Je ne demande pas la lune : j’y suis, j’y vis.

De là-haut je regarde mon berceau d’origine qui va à vau-l’eau.

Qui s’assèche lentement tandis que richissimes rêvent de créer des bassines dans le désert.

Normal, ils ont l’âme désertique, aussi désertique que la surface de ma lune, mais ils ne brillent pas, eux, dans la nuit de l’espace.

Ils en sont le trou noir, ce lieu d’où nulle vie ne peut rejaillir.

Ils absorbent tout ce qui passe de richesse.

Ils sabordent avec assurance toute forme d’existence.

Ils sont météorite tombant dans la poussière de nos âmes désertées.

Alors, je suis retourné dans ma lune.

Celle qui éclaire tendrement ma page blanche, juste souillée de la poussière de mes mots.


Xavier Lainé


9 octobre 2022


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