Pour rien au monde je n’aurais laissé de côté la célébration.
Tant de fastes, n’est-ce pas ?
Entendez-vous ?
Non, vous n’entendez pas le long cri.
Ce long cri qui montait en menace de grève générale.
Celui des « dépossédés » au profit des fastes.
Que voulez-vous que me fasse la mort d’une vieille reine
D’une vieille reine parvenue assez loin pour ne pouvoir faire autre chose que mourir.
Mais les fastes, ha ! Les fastes.
La démonstration de richesse tandis qu’on crève dans les bas-fond de Londres et d’ailleurs.
Pour rien au monde je n’aurais manqué ça !
D’ailleurs, m’en aurait-on laissé le choix ?
Pas un écran, pas un journal, pas une page, pas un moment sans les fastes.
Qu’importe qu’on meure en Iran à vingt ans.
Qu’importe qu’on crève en Méditerranée, par faim et soif, ou noyade.
Qu’importe qu’on meure sous les coups de la soldatesque russe.
Ha ! Les fastes et la pompe !
Que m’importe la mort d’une vieille reine décatie et sa succession incapable de déplacer un encrier par elle-même !
Que m’importe !
Car on meurt devant ma porte tous les jours.
Tous les jours on subit la violence des riches qui se rendent en grande pompe à l’enterrement d’une vieille reine qui ne pouvait que mourir.
Au moins là, devant cette porte mystérieuse, nous sommes égaux.
Mais pas tout à fait.
Il y a mort et Mort en ce monde, comme il y a poète et Poète.
Il y a ceux qui s’habituent à la pompe et aux fastes.
Ceux qui savent les cirer, les pompes des puissants, en amusant la galerie des dépossédés.
Et puis ceux qui ne sont « rien », on vous l’a dit et répété.
On vous le fait bien sentir : les riens ne sont rien.
Xavier Lainé
21 septembre 2022 (1)
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