Préambule
Je ne savais rien le 7 octobre de ce qui se tramait dans l’ombre des victimes de ce siècle. Je ne savais rien des crimes qui allaient être commis dressant les extrémistes de deux religions les uns contre les autres. Je ne savais rien des crimes qui allaient être commis et ne me furent révélés que le 8 de ce même mois. Mes doigts dès lors n’ont plus cessés d’écrire. Le texte du 7 m’apparaissait comme une prémonition, les suivants ne pouvaient à mes yeux être publiés à chaud. Il me fallait réfléchir aux évènements, me dégager d’un engrenage émotionnel nocif à toute réflexion sereine. Un puzzle de pensées allait s’élaborer chaque jour un peu plus, tentant d’échapper au déluge d’informations contradictoires et de propos péremptoires qui ne faisaient que semer la confusion dans des esprits tellement peu entraînés à l’esprit critique !
J’ai décidé donc de ne rien changer à la progression de mes publications et au décalage temporel entre leur temps d’écriture et celui de leur publication.
Je ne chercherai ici à rien justifier, juste à condamner ce qui doit l’être car pour le poète que je tente d’être, une mort humaine sous la main armée est toujours une mort de trop, même si j’ai bien conscience que notre humanité est arrivée à un stade de complexité qui rend la pensée délicate si elle veut demeurer libre. Mon texte du 7 octobre définissait en quelque sorte le cadre de mon travail d’écriture à venir. Si parfois mes mots peuvent s’avérer maladroits, j’espère qu’ils ne seront qu’ouverture à débattre entre humains pour mieux nous débarrasser des non-encore-humains qui nous polluent l’atmosphère. Nous en débarrasser ou au moins rendre leur malédiction à ce qu’elle devrait être : à la marge de notre humanité à construire et reconstruire sans cesse.
Manosque, le 31 octobre 2023
Il faudrait en finir avec la confusion
Il faudrait ouvrir les intelligences
Dire ce qui est des dominations
Ne pas renvoyer bourreaux et victimes
Dos-à-dos dans une binarité sans issue
Il faudrait que je puisse dire les choses
Sans que les interprétations binaires
Viennent en corrompre l’esprit
Il me faudrait pouvoir condamner les uns
Pour ce qu’ils font depuis soixante dix ans
Et les autres qui répondent oeil pour oeil
À ce que les uns leur font subir
Ajoutant tragédie à la tragédie
Jaillie comme un démon de la boite
Dont l’ouverture a été opérée
Au vingtième siècle en ses crimes
Il faudrait que je puisse dire
Que je n’ai envie d’arborer
Aucun des drapeaux des forces opposées
Non pour mettre dans le même sac
Ce que font les uns comme les autres
Mais en me plaçant du côté des victimes
D’un camp comme de l’autre
Qui n’ont rien demandé sinon vivre
En cherchant un chemin différent
De celui dicté par des divinités invisibles
Il faudrait que je puisse n’être taxé
Disant ceci que mon seul drapeau
Est un drapeau de deuil pour notre humanité
Qu’un mort innocent en égale un autre
Quelle que soit son parti sa religion
Sa philosophie ou son pays d’origine
Qu’un mort innocent en égale un autre
Qui ne voulait que vivre comme chacun
Sur un fragment de cette Terre ensanglantée
Il faudrait que je puisse dire sans recevoir
Un retour de flamme nommé antisémitisme
Ou anti-islamisme ou je ne sais quelle insulte
Pour ne pas comprendre ce que des hommes
Sans doute au demeurant munis d’une intelligence
Peuvent infliger sans cesse et sans états d’âme
À leurs semblables au nom de croyances
Historiquement héritées qui disent toutes
Le contraire de ce que leurs actes portent
Mais voilà
Ce que je dis
Je ne le publierai pas dans le feu de l’actualité
J’attendrai que les esprits se calment
Espérant au plus secret de mon âme
Qu’enfin un peu d’intelligence prenne le pas
Et permette d’entrevoir les caractères
Que le conflit favorise toujours
Celui des êtres dominants et aveuglés
Qui ne pensent qu’à eux-mêmes
En manipulant les ignorants
Dont ils cultivent l’ignorance
À des fins qui ne font que tuer
En les Hommes que nous sommes
L’humain que nous devrions cultiver
Et tant pis si mon propos n’est pas compris
*
« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise guerre
Il n’y a que la guerre et son cortège de cauchemars »
Écrivais-je en 2009 dans un livre hélas demeuré confidentiel
Quatorze ans ont passé et le problème est et demeure
Xavier Lainé
8 octobre 2023
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