« Aux derniers instants
du sang et des souvenirs
Au dernier hennissement
des estomacs vides
l'arbre humain annonce
sa prophétie
et déborde
de nos corps affamés »
Faraj Bayrakdar
Prison de Palmyre
12-13 octobre 1989
Voici mon pays
Ou ce qu’il en reste
Un pays qui a un gouvernement
Certes
Au moins pour l’apparence
Librement élu
Mais par si peu
Par si peu
Un pays où ce gouvernement
Ne cesse de promulguer des lois
Qui vont à l’encontre
De son propre peuple
Mais qui les promulgue quand même
En s’asseyant sur son assemblée
Pourtant émanation directe
De celui qu’il méprise
Voici mon pays
Ou ce qu’il en reste
Une fois quelques individus mafieux
Grassement nourris
Au lait de leur finance
Un pays qui reste terré chez lui
Où toute parole contraire est désormais
Menacée de mort
Un pays où les informations sont déviées
Truquées
Maltraitées
Afin que ne domine
Que la parole de son gouvernement
Voici mon pays
Ou ce qu’il en reste
Une fois ses libertés laminées
Pour faire barrage au mufle hideux
Barrage tellement mal construit
Que les mufles hideux
S’y multiplient
Dans l’indifférence sidérée
D’un peuple saturé de violences
Voici mon pays
Ou ce qu’il en reste
Une fois envoyées ses armées de cafards
Gazer et mutiler ceux qui se révoltent encore
De moins en moins de révolte
Tant la peur et le déclassement
Sont le quotidien de son peuple
Que reste-t-il de mon pays
Une fois la pire engeance
La lie de l’humanité
Portée au pouvoir
Par indifférence et soumission
Par couardise et désinformation
Qu’en reste-t-il
Sinon l’intense raison
D’une colère sourde
Qui bouillonne à l’intérieur
Vite dissuadée de s’exprimer
Sous le joug maintenu
Par la grâce d’un mot
« Terrorisme »
Divin mot dans la bouche de qui dirige
Car il permet à peu de frais
De faire disparaître sous le tapis
Les actes et les lois
Les forfaitures
Les petits services rendus aux amis
Qui tirent larges profits
D’un monde versé dans l’immonde
Dont mon pays de pâle figure
Devient un pilier ardent
Xavier Lainé
19 octobre 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire