Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Demain les Néron du siècle viendront emprisonner
Qui dit le contraire de ce qu’il faut penser
Ce qu’il faut penser pour protéger qui
Sinon un autre Néron qui sacrifierait tout pour son pouvoir
Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Ne restent plus que dieux de la guerre
Qui déambulent dans les rues
À la tête de leurs armées de cafards
D’un parti ou de l’autre ce sont les mêmes uniformes
Les mêmes visages avinés se réjouissant
De la mort de l’autre et des fleuves de sang
Répandus dans les avenues d’un siècle
Incapable de tirer leçons du précédent
Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Les Néron de ce siècle se terrent à l’abri
Regardent avec concupiscence les joutes orales
Se frottent les mains des profits engendrés
Par la vente des armes aux uns comme aux autres
Ils triomphent sur un monceau de cadavres
Entre les berges des fleuves purgés de toute culture
S’écoule les flots de mauvais alcools
Ingurgités pour oublier les passages à l’acte
Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Seul Hadès se réjouit tenant à jour la comptabilité macabre
Déposée en quatre exemplaires aux sinistères
On tient comptabilité des cadavres d’un côté
On les oppose à la comptabilité des cadavres
De l’autre côté d’une frontière tragique
Les Néron du siècle toujours élus triomphent
Ils se moquent que leur triomphe ne soit
Que victoire à la Pyrrhus assise dans un bain de sang
Ils se moquent
Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Les Néron de ce siècle en appellent à l’alcool et aux jeux
Dans des stades rutilants de milliards
Les pauvres et les affamés vont qui sifflent
Les tristes Néron qui savent que demain
Le pouvoir ne saurait leur échapper
Car les mêmes qui sifflent un jour
Les adouberont de leur absentéisme
Leur confieront de nouveau leur triste sort
Par indifférence et lassitude devant le sang et les larmes
Des partis pris jusqu’à la nausée
Des invectives et des diatribes comme s’il en pleuvait
Toujours le même modèle mâle et dominant
Qui exulte à la tête de ses armées de cafards
L’essentiel est dans le parti pris
L’essentiel est dans l’invective et la diatribe
Seuls Arès et Hadès se frottent les mains
À l’entrée et à la sortie du triste Styx
Ils tiennent leurs comptes de victimes
Les déposent sur la table des oligarques
Qui transforment corps et âmes
En lignes comptables dans les corbeilles d’or et d’argent
*
« Être juive aujourd’hui, c’est être fatiguée, déçue qu’on en soit encore là. C’est être en colère aussi. C’est avoir honte d’être en colère dans un environnement qui ne comprend pas ou qui fait semblant de ne pas comprendre. » Rebecca Amsellem, Docteure en économie, rédactrice de la Newsletter féministe « Les Glorieuses »
Je ne suis pas juif, ni musulman.
Si je suis catholique c’est qu’un baptême a été imposé au bébé que je fus.
Je ne suis pas juif, ni musulman, ni d’aucune croyance particulière.
Parfois, il m’arrive de me dire mécréant agnostique, et athée pour le respect de toutes les croyances que ce mot m’impose (je n’ose dire « nous » car ce mot est trop souvent vidé de sa substance pour justifier un absolutisme aussi dogmatique que les croyances que croient combattre les purs et durs de la laïcité sans doute mal comprise)
Je ne suis donc pas juif et pourtant je me reconnais dans les propos de Rebecca.
Je n’ai pas trouvé de texte similaire chez les musulman et je trouve ceci regrettable (peut-être quelqu’un ou une a-t-il écrit quelque chose qui m’a échappé).
J’observe la droite qui jubile sans mesurer combien le crime d’hier tend un tremplin à toutes les extrêmes droites les plus bornées et stupides.
J’observe une gauche tout aussi stupide qui se déchire entre ceux qui se mettent à soutenir l’extrême droite au pouvoir en Israel (à leur corps défendant diront-ils) et ceux qui condamnent du bout des lèvres le crime au motif que le Hamas serait « le bras armé » des palestiniens (mais quelqu’un aurait-il demandé leur avis aux palestiniens et en particulier ceux qui sont et vont être les victimes innocentes des représailles ?).
J’observe et, comme Rebecca, je me sens fatigué, d’une fatigue lourde et pesante devant tant d’indigence d’esprit, tant de barbarie libérée de toute inhibition.
Comme si ce monde ne savait que libérer les plus vils instincts de l’Homme au nom d’une civilisation qui, comme disait Jaurès, « porte la guerre comme la nuée porte l’orage ».
Je crains que le pire soit contenu dans cette accumulation de fausses vérités, toutes ces prises de position en faveur des uns ou des autres sans discernement aucun.
Non que je renvoie dos à dos les peuples qui sont en conflit dans cette triste région du monde, mais je suis convaincu que, de part et d’autre de cette frontière sans cesse extensible pour les uns, toujours plus rétrécie pour les autres, au grand dam des condamnations onusiennes depuis 70 ans, palestiniens comme israéliens ne demandent au fond qu’à trouver un chemin de paix pour eux comme pour leur descendance.
Il me semble que ce qui est ébranlé dans ma fatigue, c’est notre humanité.
Humanité qui ne cesse d’être, comme les frontières de l’Etat palestinien, sans cesse remise en question par une logique de système implacable qui ne sait se maintenir au pouvoir que par la division, nos divisions puériles.
Au XXIème siècle, pouvons-nous encore tolérer que la loi du talion soit l’ultime forme de toutes diplomaties ?
Que faire des Etats dont je ne donnerai pas le nom (ils sont désormais trop nombreux) qui se comportent en terroristes pour leurs propres peuples et donc ainsi pour leurs voisins ?
Comment pouvons-nous tolérer des attitudes étatiques qui ne font qu’armer le bras des assassins puis se tirent d’affaire en criant à la barbarie terroriste ?
Je ne suis pas juif, ni musulman, ni d’aucune religion qui dans leur dogmatisme ont oublié l’étymologie de leur nom : « relier ».
Je suis blessé des tortures et sévices infligés à des ukrainiens qui ne demandaient rien sinon vivre en paix.
Je suis blessé de l’expulsion génocidaire des arméniens d’Artsakh qui ne demandaient qu’à continuer à vivre sur la terre de leurs ancêtres.
Je suis blessé de la guerre génocidaire menée par la démocrature turque contre la culture et le peuple kurde.
Je suis blessé à chaque femme emprisonnée et torturée voire assassinée en Iran.
La liste est longue de mes blessures.
Car au fond ici, c’est notre humanité profonde qu’on souille toujours un peu plus.
Comme si les leçons du XXème siècle étaient impossibles à tirer pour les tyrans de toutes espèces et de tous grades qui veulent imposer leur vision du monde à celles et ceux qui ne pensent pas comme eux.
C’est mon humanité qui se fatigue à défendre une idée de l’homme sous les quolibets et diatribes des convaincus de détenir une vérité définitive.
À chaque humain qu’on tue, mon humanité s’effondre un peu plus.
« Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? », clamait Don Diègue dans le Cid.
Me voilà au crépuscule de mon existence avec la honte de léguer à ma descendance un monde aussi pitoyable dirigé par d’infâmes usurpateurs tout aussi pitoyables que lui.
Il me reste, tant que souffle m’est offert, à clamer avec Rebecca qu’«être juive aujourd’hui » (mais aussi musulman, chrétien ou athée), « c’est également ne pas avoir la possibilité du pessimisme. Car nous n’avons pas le choix de l’espoir. »
Xavier Lainé
10 octobre 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire