On en est là : le droit de se défendre devenu un permis de tuer.
De tuer sans distinction…
Ce n’est plus la guerre, c’est le crime institué en règle de la guerre.
Une guerre pire que la guerre…
Une guerre pire que la guerre qui, si elle se généralise, ne laissera sur Terre que barbarie sombre et sanguinaire.
On en est là : j’avais commencé en rêvant.
Je ne sais plus si le rêve est encore possible.
Je voudrais bien m’extraire des nouvelles qui me parviennent.
Elles concordent toutes dans ce sens suicidaire pour notre humanité.
Le droit de se défendre devenu un permis de tuer.
Un permis de tirer et bombarder sans discernement.
On en est là : le bruit des bombes est tel que le cri des suppliciés en devient inaudible.
D’autant plus qu’il s’accompagne d’une censure médiatique qui ne dit rien de ce qui est : le droit de se défendre devenu un permis de tuer.
Un permis d’assassiner des innocents qui n’ont rien fait sinon naître et tenter de survivre du mauvais côté d’une frontière tracée au hasard par les puissants.
Pouvez-vous imaginer cette chose terrible qui arrive à notre humanité ?
Le droit de se défendre devenu un permis de tuer, avec la bénédiction de tous les Etats prétendus civilisés.
Que de crime commis au nom des civilisations !
Que de sang sous les temples et les pyramides, sous les palais et les monuments à la gloire des dominants !
On en est là : j’avais envie de revenir à une poésie apaisée.
L’apaisement est impossible.
Vous entendez : le droit de se défendre est devenu celui de tuer.
De tuer jusqu’au dernier soupir peuples qui n’ont rien demandé sinon le droit, eux aussi, de vivre quelque part sur cette Terre sans risquer de disparaître dans les ruines de nos prétendues civilisations.
J’écrivais que chaque humain mort sous les coups pesait du même poids dans la balance de notre humanité déchue.
Qu’écrire désormais que les assassinés sont si nombreux, que nul ne peut plus en compter les âmes errantes, s’accompagne d’un vide immense.
J’écris : le droit de se défendre est devenu un permis de tuer.
Même la loi du Talion n’en revient pas.
Une telle escalade dans l’inhumanité, si elle est contenue dans le projet même de ce que certains nomment « civilisation », nul d’entre nous ne pouvait même en envisager l’horreur.
Que le crime soit commis par les héritiers de ceux qui ont tant souffert dans les camps immondes d’une Europe à feu et à sang, rend la chose encore plus immonde.
Le droit de se défendre est devenu un permis de tuer.
Nul ne peut désormais savoir si l’horreur pourrait s’arrêter ni quelle frontière pourrait la contenir.
On tue par vengeance infantile.
Plus rien ne retient le bras d’aucun assassin puisque le crime se commet avec l’assentiment, l’approbation et la bénédiction des dirigeants d’un monde qui se dit civilisé mais qui ne connaît que crime et oppression.
On en est là : le droit de se défendre est devenu un permis de tuer.
Je ne sais si je pourrai encore écrire jolis poèmes devant cette révélation contre laquelle je n’ai cessé, ma vie durant, de clamer « plus jamais ça ».
« Ça » est là, sous nos yeux ; regarder ailleurs ou parler d’autre chose ne reviendrait qu’à cautionner encore le crime commis.
Certains en notre nom sont allés soutenir l’innommable génocide.
Avec ceux-là, c’est tout un pan de notre espérance en l’humanité qui s’écroule sous nos yeux.
Les murs sont tombés, certes, mais c’était pour mieux assassiner sans mesure tout ce que le vivant devrait nous inspirer de respect et d’admiration.
*
Bien sûr nous y étions
Comment ne pas
Lorsque dans le dérèglement du monde
Tant de victimes ne diront plus rien
Bien sûr être là
Depuis notre gentil confort
De gens « civilisés »
Mais
Que savons-nous de la misère
Que savons nous de l’oppression
Quand il suffit d’un Préfet
Qui interdit toute manifestions solidaire
Pour nous faire rentrer dans le rang
Tu dis
« Lorsque je regarde la télévision »
Mais quel sens peut bien prendre
Cette phrase
Si tu sais le poison véhiculé
Tu dis
Comme beaucoup tu dis
J’avais pris mes mots de poète
Dans ma poche trouée
Ils y sont restés
Puis je les ai offerts
Avant de les jeter
Les mots de poète n’avaient pas leur place
Parmi les discours convenus
Xavier Lainé
30 octobre 2023
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