Il nous faudra admettre demeurer les derniers humains
Sur une planète livrée à la partie la plus barbare
D’une espèce qui a eu ses heures de gloire
Il nous faudra sans doute admettre le déraillement
Du train de notre « croissance » en humanité
Dès lors qu’à dix morts ici en succèdent cent
De l’autre côté d’une frontière qui ne ressemble à rien
Il nous faudra admettre cette triste régression
Qu’au nom de telle ou telle religion
Qu’au nom de telle ou telle « patrie »
Le statut d’être humain peut vous être dénié
Il ne nous restera alors qu’à écrire
À nous plonger dans ce que l’humanité a su créer
Lorsqu’elle était encore sur le chemin de sa sagesse
Il nous restera à conjurer horreurs et exactions
Pour tenter encore de survivre dans le désert de la pensée
Laissé dans le sillage des plus ignorants parmi nous
Pauvre malades ivres de leur pouvoir
Pauvres ignorants aveuglés de vengeance
Il nous restera à écrire et encore écrire
Pour que cette tragédie si elle laisse encore vivants
Puisse être conjurée par les survivants
Qu’ils puissent en tirer leçon pour leur propre avenir
Si toutefois une intelligence pourrait survivre
Dans l’enfer que les hommes de pouvoir
Créent tandis que l’immense majorité
En appelle à la paix et à la reconstruction du monde
*
« Les mots ne sont que les bras armés du silence, et je n'ai plus envie de me battre. » Antoine Wauters
Car la majorité ne dit mot
On ne lui tend aucun micro
On ne lui demande pas son avis
Avant d’aller fomenter guerres et vengeances
Il ne reste que les mots écrits
Qui parfois arrivent à rompre les digues
De silence et d’oubli dressées de mains de maîtres
Il ne reste que le silence peuplé de ces mots
Pour aborder avec sérénité l’autre qui est comme moi
Sidéré de voir tant de haine répandue
En insidieux commentaires sous les paroles d’apaisement
Une mort en égale une autre
Chaque mort sous les coups de la vengeance
Sous les ambitions colonisatrices
Est une mort de trop qui affaiblit notre humanité
Il en est de partout qui rejettent leurs gouvernements
Qui manifestent leur soif d’un autre monde
Ouvert sur des lendemains de paix
Nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas
Dans le glaive brandi au dessus des têtes innocentes
Les mots comme bras armés du silence sont la trace indélébile de nos révoltes
Xavier Lainé
26 octobre 2023
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