L’homme joue du menton
Joue avec un aplomb sans bornes
Les matamores en terre dévastée
Il parle de défense justifiée
D’un seul côté des barbelés
D’un seul côté
L’homme joue du menton
Prend posture inspirée
Annonce devant monde interloqué
Des mesures dont chacun sait
Qu’elles seront sans effet
Car vides de sens
L’homme joue du menton
Il va de ci
Il va de là
Il serre des mains
Ouvre ses bras
Pour d’improbables accolades
L’homme joue du menton
La Terre en frémit de longue fièvre
L’humanité prend l’eau
Mais il joue d’un regard
Sourcilleux en diable
Mais qui sonne tellement faux
L’homme joue du menton
Des enfants meurent
Derrière les murs
Dressés en frontières
Derrière lesquelles se poursuit
La route sanguinaire
D’une humanité en berne
*
« Je n'ai pas de pays pour pouvoir y retourner
Je n'ai pas de pays pour en être exilé
C'est un arbre dont les racines
sont l'eau d'un fleuve qui coule
Il meurt si elle s'arrête
et si elle ne s'arrête pas, il meurt
Je n'ai pas pays pour en être exilé
Je n'ai pas de pays pour pouvoir y retourner
Et si je m'arrêtais dans un pays
je mourrais »
Najwan Darwish
Ainsi vont-ils les exilés de toujours
Ils errent
Repoussés de frontières en territoires
Jamais ne peuvent s’arrêter nulle part
S’arrêter serait mourir
Marcher encore marcher
Franchir les barrages
Déjouer les polices
Juste pour survivre un jour
Une heure
Sans oublier d’où on vient
Sans jamais pouvoir arrêter
Le bruit des bombes
Les cris des bombardés
Avancer pour vivre
Vivre pour avancer
Marcher la nuit
Dormir le jour
Toujours s’affranchir des peurs
Ou les murer tout au fond
Leur poser un bâillon sur les lèvres
Pour ne pas crier
Ajouter du tragique à la tragédie
Xavier Lainé
25 octobre 2023
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