Peut-être un peu Indien au fond de la forêt
Ou Kurde dans les montagnes sauvages
Mais ardent défenseur de cultures qui nous disent
Qu’un autre monde
Une autre vie
Un autre rapport à nous-mêmes
Une autre relation aux autres
Serait possible
Hors domination des pervers
Obnubilés par leur porte-feuille
Peut-être un peu d’un autre temps
D’autres meurs et coutumes
Que celle-ci qui ne cesse de briser
Notre manière d’être vivants
Et donc de devenir humains
Mes rêves accompagnent ceux qui fuient
Je suis un jour arménien fuyant les guerres
Un autre tibétain dont si peu parlent encore
Ou ouïgour sous le joug
Je suis noir avec les noirs qui fuient
Avec ceux qui furent esclaves
Réduits à être marchandise dans l’enfer
D’un monde arrogant et cynique
Je suis femme avec toutes celles qui tombent
Sous les coups des mollahs
Sous la violence de mes congénères
Hommes avinés et stupides
Qui ne sont que muscle et sexe
Érigés en principe de « bonne » gouvernance
Je nie la nécessité de l’autorité
Je suis juif lorsqu’ils sont persécutés
Et aussi musulman quand ils sont stigmatisés
Je tente d’être homme malgré le fardeau
Que la mâle domination nous a léguée
Je suis en tentative de devenir humain
Si un jour il nous arrivait d’en connaître la définition
*
Écrire m’emporte dans un au-delà de moi-même
Comme si mon âme sensible se mettait à l’écoute
D’un monde de moi ignoré qu’il me faut explorer
Écrire est cette fonction malgré moi ébauchée
Qui me fait arpenter jour et nuit les pentes
Suivre les chemins creux où errent êtres et choses
Écrire me pose une exigence terrible
Quotidiennement posée devant mon regard
Comme si un monde venait s’assoir à ma table
Écrire exige de moi de démêler l’écheveau
Qui emmêle nos vies en des méandres subtils
Pas toujours amoureux mais parfois quand même
Écrire me met au pied du mur d’un devoir
Qui s’impose de moi-même à mes doigts
Une obligation que nul ne saurait me dicter
Écrire me laisse parfois sec dans la réalité du jour
Ne sachant quoi faire de mes mains ni de mes yeux
Encore moins de mes pensées en vrai tumulte
Écrire me pose et s’impose comme mon ombre
Les pages me suivent puis disparaissent
Dans la foule des mots orchestrés sans ordre précis
Écrire est une affaire profonde qui sonde en mon âme
La nécessité d’observer le monde réel
Pour en tirer des leçons de vie
Xavier Lainé
7 octobre 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire