Venez et bouffez
Je vous en prie
Consommez
Consommez jusqu’à l’os
Prenez soin de le ronger
Jusqu’à la moelle
Puis retournez-vous en
Allez proclamer votre propre parole
Comme ultime parole de vérité
Usez et abusez
Des médias en ligne
Soyez la ligne de mire
Regardez-vous dans le miroir
Trouvez-vous beaux
Admirez votre discours
Faites-en la bible d’un temps
De juxtaposition des ego
Soyez seul face à tous
Considérez que tous sont
Vos ennemis irréductibles
Dont la vie et la parole
N’a de cesse de vous tromper
Vous mentir
Mais considérez votre parole
Comme divine vérité établie
Car vous la pensez telle
Ne vous laissez pas détourner
Par les vieux humains
Qui considèrent encore
Que l’humain est bien plus que sa propre vérité
Qu’il serait tempos de rétablir du commun
D’accepter la confrontation des paroles
Au nom d’une vérité indécise
Le néo-libéralisme
Ce cancer de l’humanité
A ceci pour résultat
Il gangrène tous les esprits
Il façonne les corps
Il est ce fossoyeurs de nos recherches communes
Il nous isole
Chacun devant son écran
Chacun devant sa caméra
À se trouver beau et intelligent
Entraînant dans le sillage
De ces ego surdimensionnés
Les incertains et les serviles
Les faibles en pensée
Faute d’avoir reçu l’éducation critique
Qui en aurait fait des citoyens
Des femmes et des hommes
Capables de penser le monde
Le commun sans lequel notre humanité se perd
La racine du néo-fascisme est ici
Dans ce puzzle de discours
Où seuls contre tous
Vous pensez détenir les clefs
Ne prenez pas ma parole pour vérité
DOUTEZ
Confrontez là à d’autres paroles
LISEZ
CHERCHEZ
N’écoutez pas ceux qui se disent penseurs
À la condition que nul ne doute de leur pensée
Écoutez ceux qui mettent en doute leur propre parole
Je n’écris ici aucune sorte de vérité
Je cherche
Le jour où je proclamerai
Ma parole comme vérité
Cessez de me lire
Jetez mes écrits à la poubelle de l’histoire
Rejetez moi
Car
Ce jour là
Je serai un homme dangereux
*
Concordance du fils et de la mère
Glissement vers l’amer
Les mots certes
Mais le corps aussi qui dit
Ce que dit le fils qui oscille
Dans un monde qui ne sait pas recevoir
Ce que les sens lui révèlent
Alors il s’enferme
L’amertume le gagne
Un jour noir
Le lendemain blanc
Tout n’est qu’errement
Nous sommes de ces éternels errants
Qui oscillent d’un côté à l’autre
D’un chemin toujours chaotique
Rarement tout droit
Nous avons sans cesse à apprendre de cette amertume
*
Voici que flot t’emporte
Tu ne sais vers où
Mais il t’emporte
Inutile de résister
Il te faut le suivre
Une communauté humaine
Se forme dans le creux des vagues
Elle suit les ondulations
D’une houle secrète
Vivre debout c’est
Comme l’algue
En longue lanière
Dans le secret des vagues
Onduler à chaque mouvement
Et y prendre plaisir
C’est parfois plier
Pour ne pas affronter
Les courants contraires
Puis se redresser
Mais jamais lâcher
L’ancrage aux rochers
Xavier Lainé
7 septembre 2023
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