lundi 16 octobre 2023

Patience & langueur des temps 23

 



XL-La femme assise, Karl-Jean Longuet (1922)




Les destructeurs sont à l’oeuvre

Ici ils détruisent la nature

Ailleurs les monuments

Plus loin les bouquinistes

Plus proche les bibliothèques

Ils tuent et ils éborgnent

Ils laissent sans secours

Des femmes et des enfants

Les destructeurs vont à l’oeuvre

Tandis qu’en dîner onéreux

Ils paradent et se gavent


Ils auront donc marqué l’histoire

Du saut indélébile de leurs forfaitures


Saurions-nous nous en défaire

Qu’ils trouveront encore moyen

De nous jeter aux geôles de leur histoire

Qui ne ressemble en rien à la nôtre

Puisqu’ils se croient tout

Et nous nomment « riens »


*


Plus rien n’a de valeur en leur monde

Plus rien

Sinon leur argent sale


Ils ne vivent qu’au rythme de leurs profits

Tandis qu’ici s’accumulent les dettes

S’en vont en long cortèges de misères

Les laissés pour compte d’un monde immonde


*


Alors bien évidemment

On peut toujours chanter

L’internationale sans y croire

Qui y croirait quand ceux qui chantent

Se trouvent si isolés

Que cette piètre bravade

N’est que l’expression triste

De la tragédie d’un temps sans

Comme l’homme sans qualité

Ce temps file à grande vitesse

Ne laissant dans son sillage

Que sang et larmes

Misères et détresses


On peut toujours

Réduits à l’infime minorité

Braver le triste sort

Sous les rires goguenards

Des suppôts du racisme

Des complices silencieux

De la désespérance humaine


Riez

Riez donc pauvres gens

Quand demain il n’y aura plus

Personne pour chanter

Il ne vous restera sans doute plus

Que vos yeux pour pleurer

Noyés que vous serez

Parmi tant d’autres noyés

Dans la tragique traversée

D’un siècle sinistre



Xavier Lainé

23 septembre 2023


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