« Si les hommes pouvaient régler toutes leurs affaires suivant un dessein arrêté ou encore si la fortune leur était toujours favorable, ils ne seraient jamais prisonniers de la superstition. Mais souvent réduits à une extrémité telle qu'ils ne savent plus que résoudre, et condamnés, par leur désir sans mesure des biens incertains de fortune, à flotter presque sans répit entre l'espérance et la crainte, ils ont très naturellement l'âme encline à la plus extrême crédulité ; est-elle dans le doute, la plus légère impulsion la fait pencher dans un sens ou dans l'autre, et sa mobilité s'accroît encore quand elle est suspendue entre la crainte et l'espoir, tandis qu'à ses moments d'assurance elle se remplit de jactance et s'enfle d'orgueil. »
Spinoza, Traité théologico-politique
Ainsi allons-nous humains
Qu’à désirer fortune
Nous creusons la tombe
De notre humanité
Et ça ne fait que durer
Les siècles et les millénaires
N’y changent rien
L’appât de triste gain
Nous fait tourner la tête
À trop nous vouloir riches
De basses richesses
Enfermées dans des coffres
Spéculés en corbeilles
Nous ne faisons que nous enfoncer
Dans la lie de nos bassesses
Que nous ayons grande
Ou petite fortune
Ne change pas grand chose à l’affaire
Nous voici dans la crainte
De perdre ce que nous avons
Croyant l’avoir mérité
Dans l’âpre lutte entreprise
Contre l’autre
Ce faux frères
Cet ennemi
Ce voleur
C’est toujours l’autre qui est coupable
Y compris celui qui fuit
Les misères engendrées
Par nos basses manoeuvres
Nous fermons nos maisons
Nous barricadons derrière
Les clôtures électriques
Sensées nous protéger
Quand elles ne font
Que nous enfermer d’avantage
Dans notre indigence
*
Si heureux d’apprendre que des collègues en écriture y arrivent
Que leurs livres sont publiés et vivent leur vie de livres
Même si parfois ils auraient été au bord d’en détruire
Ici je vais faire venir une benne
Et déverser dedans les tonnes de mots accumulés
Ou en faire un feu de joie
Peut-être
Xavier Lainé
20 septembre 2023
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