mercredi 22 juin 2022

Sur un fil 8

 




Il n’est aucune circonstance qui me soit étrangère.

Qui puisse l’être à cette forme qui n’est pas de pure forme.

Qui pousse les mots comme wagonnets au sortir de la mine.


Il n’est aucune circonstance qui sache me laisser indifférent.

Vous irez tout à l’heure tendre vos convictions qui passeront de mains en mains.

Je ne serai pas des vôtres.

Les circonstances font que.

Vous me direz sans doute : mais tu trouves bien le temps d’écrire, mais pas celui de nous rejoindre distribuer nos convictions !

Vous me direz et moi je plierai sous le poids des circonstances.

Mon coeur ce matin balance et s’accroche à cette image de femme aimée.

Femme tant aimée que je me serais damné pour la sauver de ses tourments.

Mes yeux ne peuvent se détacher de son corps oscillant au gré du vent, dans un petit matin triste, au fond d’une vallée indifférente.


Il n’est aucune circonstance atténuante à l’écriture de poésie.

Sur la fin de notre amour (mais quel amour prend-il vraiment fin — peut-être ne fait-il que se transformer en émoussant les passions), j’écrivais rageur dans un cahier de brouillon.

Je me noyais dans l’alcool et les mots. 

J’aurais voulu que ce cri confié aux pages soit notre canot de sauvetage.

Il n’était que témoignage de ces circonstances qui créent le naufrage.


Il n’est aucune circonstances qui ne soit digne de poésie.

Qu’en importe la forme, puisqu’il s’agit de dire la tragédie, trop souvent, l’ironique comédie, parfois.

Le poème est là qui me regarde dans le noir.


Xavier Lainé


8 juin 2022


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