mercredi 8 juin 2022

… Rêve ce qu’il te plaît 28

 




« Les gens ont envie de vivre, tout simplement, sans idéal sublime. » Svetlana Alexievitch, La fin de l’homme rouge, éditions Actes Sud, 2013


C’est là que git mon divorce, moi qui ne cesse de lire et de m’illusionner sur le monde et les prétendus humains.

Je reviens d’un voyage dans le temps, quelque part du côté de la Baume bonne.

Un voyage parmi mes congénères d’autrefois, à quelques milliers d’années de ce temps où je survis, espérant toujours renouer avec les relations que l’imagine simples qui devaient être les leurs.

Un hominidé à peine jailli de la nature et qui en faisait encore partie.

Un hominidé pas encore encombré des tonnes de livres qui envahissent mon espace et mon esprit.

Tonnes de livres qui ne me donnent pas plus de compréhension de notre monde.

Qui me mènent à construire une sorte d’idéal impossible à atteindre et dont tout le monde se fout éperdument.

Car le problème est de vivre, de saisir chaque instant comme s’il devait être le dernier.

Ce que je ne sais plus faire à force de réfléchir.

Réfléchir, ça me conduit à cet isolement, ce sentiment de n’avoir rien à partager, en mai comme chaque autre mois de l’année, des années qui passent.

Plus je lis, moins je comprends, car au fond, il n’y a rien d’autre à comprendre que cette urgence de vivre, d’exploser par moment en rouges barricades pour aussitôt retourner dans ses pénates, tournant le dos à ce qu’hier nous prenions pour ultime vérité.

J’écris et je me perds.

J’écris et je me penche sur ce qui fut.

Ce qui ne m’ouvre aucune porte pour le présent, ni pour l’avenir…

Je ne suis que témoin de cet emballement du monde entre mauvaises mains.


Xavier Lainé


28 mai 2022


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