samedi 25 juin 2022

Sur un fil 11

 




« Toute poésie puise sa force dans l’histoire qui se fait, dans la vie des hommes réels, dans la réponse donnée à chaque pas aux questions qui surgissent devant ces hommes ; la poésie  est une arme de leur combat, dans lequel le poète ne se distingue d’eux que par la force et l’efficacité de la parole et du chant. » Aragon, L’oeuvre poétique, volume XII, 1953-1956, Livre club Diderot, 1980


Je poursuis ma route avec Aragon.

Une décennie passée, je le vois dire du vrai en prêchant du faux.

Je le vois se mentir à lui-même en refusant de voir ce qui n’était que trop visible.

Cette erreur fondamentale de prendre pour « communisme » ce qui n’était qu’un masque.

Je le revois revêtant son visage d’un masque blanc.

Peut-être le moment où il aurait atteint une sorte de vérité.

Celle qui ne montre jamais son visage.

Celle qui ne sort que travestie par les mots usés jusqu’à la corde.

Celle qui voudrait dire le temps traversé, d’île en île, dans un archipel d’infinies souffrances imposées aux plus faibles.

Toujours aux plus faibles.

Toujours cette menace.

Cette domination.


Parole poétique versus politique.

Toujours cette tentation de prêcher le vrai.

Puis de se masquer le visage en découvrant que ce que nous prenions pour vrai ne pouvait l’être, dans la fourberie des hommes.

Des hommes sans le grand H.

Des hommes comme genre ayant un problème avec lui-même.

Genre qui cherche sans cesse depuis la nuit des temps à s’approprier le commun.

Qui enfouit dans les strates de l’histoire la vie commune oubliée.


Xavier Lainé


11 juin 2022 (2)


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