mercredi 15 juin 2022

Sur un fil 1

 




Je reste là, les yeux un peu perdus.

Avec une infinie tristesse au fond du coeur, comme toujours.

Le ciel a beau être irrémédiablement bleu.

Mon drapeau de paix solitaire se sent bien seul.

En dessous vont les habitudes, les nécessités, les dénis en tous genres.

D’où, en partie, ma tristesse.


Je reste là, les doigts hésitants sur la première page.

Je ne sais rien de ce que les caractères vont dessiner.

Je ne sais rien du destin tracé au fil des tomes et des volumes.

Ecrire: est-ce bien nécessaire ?

Penser : mais pourquoi ?


Je me souviens d’un de mes banquiers (qu’est-il devenu, ce pauvre homme !) qui me disait : « Mais, vous ne pourriez pas vous contenter de faire votre métier, comme tout le monde ? ».

« Me contenter de… », et « faire comme tout le monde » !

Il avait le don de m’irriter !


Il est vrai qu’écrire en pays mièvre ne me fait pas que des amis.

Il y a ici de franches inimitiés dont je ne saisis pas bien les fondements.

Je suis bien plus souvent silencieux en mon grenier des livres que tonitruant derrière des micros.

Je n’ai prétention à aucune vérité.

Juste parfois, l’envie de partager le fruit de mes sempiternelles ruminations. Il semble que ce soit encore trop.

Ici, en pays voué au déni et à la soumission, il n’est bon bec que d’ailleurs.

Toute parole prononcée qui ne va pas dans le droit fil des décisions d’en haut est suspecte…


Xavier Lainé


1er juin 2022


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