dimanche 19 juin 2022

Sur un fil 4

 




Voici : tant qu’ils n’auront pas tout réduit en cendre, ne seront pas content.

D’une planète de beauté ils laisseront terre desséchée, impropre à toute vie.

Le mouvement est amorcé.

Les premiers à mordre à cette poussière sont ceux qui offraient encore une chance de survie.

Les autres s’acharnent ou distribuent pensées préfabriquées, sans engager le moindre débat.

Trop fatiguant sans doute d’inviter à penser.


D’autres en d’autres temps avouaient sortir leur révolver lorsqu’ils entendaient le mot « culture ».

C’est désormais monnaie courante.

Trop fatiguant de réfléchir.

Plus facile d’écouter pensée vendue au mètre dans le catalogue internet.


J’avoue ne pas être de ce temps.

Ni de cette espèce qui se vautre dans le déni.

Je n’ai rien à voir avec cette époque qui ne sait que le glauque et le sordide.

C’est presque un honneur que mes livres soient passés au pilon.

Je n’ai pas de mots à vendre, ni d’idées.

Je ne sais que demeurer en mon antre de silence, à mijoter innombrables pensées qui m’empêchent de dormir.

Car le glauque et le sordide sont agitateurs de mes nuits.


Ma nourriture vogue sur d’autres océans.

La sagesse me dit de me retirer, de ne pas insister.

Mais d’écrire, quand bien même mes pages se perdraient dans une insondable nuit.


Xavier Lainé


4 juin 2022


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