mercredi 23 mars 2022

La guerre, sans fin 20

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés



« Inestimable et coûteux : voilà les deux qualificatifs qu’il fut impossible de concilier dans un monde où l’économie n’est plus un outil d’intendance mais de pouvoir, un monde où ce qui n’a pas de prix ne vaut rien. » Stéphane Velut, L’hôpital, une nouvelle industrie, la langage comme symptôme, Tract Gallimard n°12, 2020


Qu’importent donc les conflits, les misères, les exils, les famines : tout fait ventre en monde réduit à l’économie de marché.

Nul ne les voit, les commanditaires, ceux qui dans le secret des affaires, spéculent sur votre soif, votre faim.

Ils anticipent toutes les guerres puisqu’ils les mènent avec la certitude que l’ampleur de leur gain signe leur victoire.

Les poches bien pleines, ils ne fréquentent que leur propre milieu, ne mettent leurs enfants que dans les écoles à leur image, bien propres sous tous rapports.

Car tout dans leur règne est histoire de rapport.

Au besoin, ils n’hésitent pas à utiliser leurs mercenaires pour presser un peu plus le citron salarial.

En ceci, finalement, cette condition vaut mieux que celle des esclaves, car ils obtiennent à moindre frais la soumission sous la menace du déclassement.

Ils règnent sur la dépossession des peuples.


Lorsque ces derniers, las, en viennent aux mains, ils font encore de l’argent en fournissant les armes de la déchéance.

Les enfants noyés ne les émeuvent pas plus que les ventres gonflés par la famine.

Les larmes versées, ils n’en prennent jamais connaissance.

Leurs yeux ne voient que les courbes économiques sur les écrans de leur intelligence artificielle, tellement artificielle qu’elle en oublie d’être intelligente.

Car sans coeur, l’humain n’a pas d’autre esprit que celui d’un robot.


Xavier Lainé


18 mars 2022


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire