mardi 29 mars 2022

La guerre, sans fin 26

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés


« Une humanité éclairée, consciente de toutes ses potentialités dans une société écologiquement harmonieuse, n’est qu’un espoir et non une réalité présente ; un « devoir être », non un « étant ». Tant que nous n’aurons pas créé cette société écologique, nos capacités de nous entretuer et de dévaster la planète continueront de faire de nous une espèce encore moins évoluée que les autres. » Murray Bookchin, L’écologie sociale, éditions Wildproject, 2020


J’ai ficelé un peu plus mon drapeau de paix à ma fenêtre.

Pour qu’il ne s’incline plus ni à droite ni à gauche mais qu’il claque au vent, bien droit au milieu des tempêtes (qui ne viennent pas — et quand elles viendront, sans doute faut-il nous attendre à je ne sais quelle catastrophe).


J’ai ficelé un peu plus serré mon drapeau puisqu’il devra tenir longtemps avant que je puisse le ranger.

J’imagine mon bureau, mon lieu de travail comme une « ambassade de la paix », ce continent qui n’existe pas.

Furetant en la librairie Au coin des mots passants (à Gap — Hautes-Alpes), je découvrais une réédition de L’archipel du Goulag de Soljénitsine : son histoire était venue heurter de plein fouet mon adolescence finissante.

Mon premier lien avec le « bloc » qui couvrait cet archipel fut une correspondance avec une tchèque de mon âge.

Correspondance mystérieusement interrompue au moment du « printemps de Prague ». 

Je n’ai jamais su ce qu’était devenue ma correspondante. 

Juste ce souvenir du vide, lorsque les mots se furent arrêtés contre le rideau de fer, le mur.

Que celui-ci soit tombé en 1989 a-t-il vraiment changé quelque chose au triste sort du monde ?

Sinon faire tomber les peuples, d’un côté comme de l’autre, d’une illusion dans une autre, d’une dépossession dans une autre.


Xavier Lainé


23 mars 2022


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