mercredi 23 mars 2022

La guerre, sans fin 19

 



Photographie, Xavier Lainé, tous droits réservés




« Le grand nombre, de par sa nature, n’obéit pas à la honte mais à la peur ; il ne se garde pas non plus des vilaines choses parce qu’elles sont laides, mais parce qu’elles entraînent des punitions. C’est que, vivant au gré de son affection, il poursuit les plaisirs qui lui conviennent personnellement et cherche les moyens d’avoir ces plaisirs-là, tout en fuyant les peines opposées ; quant à ce qui est beau et vraiment agréable, il n’en a même pas l’idée, puisqu’il n’y a jamais goûté. » Aristote, Ethique à Nicomaque


« Le nez dans le guidon » : ça revient si souvent !

C’est comme un refrain : « Le nez dans le guidon ».

Et pas moyen de regarder plus loin.

Tant pleuvent les mauvaises nouvelles du monde.

Tant s’acharnent les mauvais traitements, les contraintes multipliées.

« Le nez dans le guidon » : combien de fois par jour ça revient, puis ça tourne dans ma tête la nuit, le jour, sans fin.

Ce serait quoi, vivre sans « le nez dans le guidon » ?


Pas moyen de savoir.

Faut se contenter de slalomer entre les écueils, de rester encore un peu droit dans ses bottes, avec sourire contraint.

Avec sourire contraint pour ne rien montrer de l’affaissement.

Ne rien montrer du souci des fins de mois qui commencent tellement tôt que parfois, le mois, il n’a même pas le temps de démarrer que déjà la ligne rouge est franchie.

Ne rien montrer pour ne pas avouer la moindre faiblesse.

Faut serrer les dents, s’empêcher de respirer entre le cancer des uns, la pandémie des autres, et les menaces guerrières des mâles en rut.

Faut serrer les dents pendant que gamin élyséen joue à la guerre sur ses photographies publicitaires.

La plastique de ce temps n’offre rien au vivant, juste sa façade vaguement plâtrée d’un mauvais rimel.


Xavier Lainé


17 mars 2022


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