jeudi 1 juillet 2021

Sauver les communs

 




Ce n’est pas l’individu qui doit être sauvé, c’est sa relation aux communs.


Et le poète est celui qui, derrière le miroir sans tain de ses yeux et de son coeur, regarde, contemple.

Et ce qu’il voit parfois lui intime l’ordre d’intervenir mais il ne sait comment franchir la paroi de verre.

Il voit ce qui se déchire et qui geint.

Il voit ceux qui se noient dans les océans et sur les trottoirs de la vie.


Le poète est ce type qui appelle Alice au secours.

Pour qu’elle lui explique comment passer de l’autre côté du miroir.

Comment franchir cette barrière impalpable qui fait de lui un témoin du crime sans le moindre pouvoir d’arrêter le bras des assassins.

Le poète est celui qui demeure humain quand, de l’autre côté du miroir, on s’entretue pour trois sous.


Ce n’est pas l’individu qui doit être sauvé, c’est sa relation aux communs.


Je suis de cette espèce qui marche dans la rue.

De cette espèce qui voit et sent, mais que le miroir sans tain isole.

De cette espèce dont la main qui vole au secours de ses semblables se heurte aux murs de l’incompréhension.

De cette espèce qui n’a pas d’existence hors des communs.

De cette espèce que par un raccourci de l’histoire et de la philosophie on nomma communarde puis communiste.

De cette espèce qui ne cherche à rien imposer, mais se rend à l’évidence.

De cette espèce qui ne cesse dans sa tête de fabriquer des utopies en lieu et place des dystopies bien visibles.

Des utopies capables de lui faire franchir le miroir sans tain qui l’isole du monde et le laisse incompris sur le trottoir des effondrements.


Xavier Lainé


25 juin 2021


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