vendredi 16 juillet 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 7

 



Le baiser - Théodore Géricault




On a besoin de panache à dix-huit ans.

On a besoin que ça bouge, que ça cavale.

Il faut que ça agisse et que la cavalcade mène à d’autres mondes.


Il faut que la peinture dise cet élan.

Il lui faut dire tout et son contraire, puisque le monde en est là.

Tout et son contraire.

Un vieux monde s’effondre, un autre tarde à venir.

Nous sommes aux prises avec les démons de l’incertitude.

Notre destin nous effraie.


Alors nous cherchons à le confier à d’autres.

D’autres qui s’avèrent être des monstres.

Qui ne naviguent que pour eux-mêmes, leurs petites fortunes, leur célébrité.

Oui not’ Monsieur, oui not’ Bon Maître.

On se courbe devant l’apparence du génie qui n’est qu’opportunisme.


L’oeuvre va de ce pas guerrier et rencontre misère et humiliation au bord des chemins creux.

L’oeuvre hésite, elle dit ce que le coeur ne peut écrire ou prononcer, même du bout des lèvres.

Théodore commence à peine.

Sa peinture pourtant affole les académies.

Le génie est rarement là où, présomptueux, il s’auto-congratule.

Il suit le pas lourd et glacé des grognards vaincus.

Les rêves des démiurges se terminent si souvent en Bérézina de l’humanité.

De Napoléon à ceux qui ont blessé l’Europe et l’histoire, c’est le même récit ou presque.


Xavier Lainé


7 juillet 2021


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