vendredi 16 juillet 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 6

 



Le baiser - Théodore Géricault



Je te suis dans les chemins creux et boueux.

Je te suis en ces temps troublés qui ne savent vers où tomber.

Je te suis entre royaume et empire à la recherche d’une république en attente.

D’une république en souffrance qui oscille entre peuple et élite.

Le peuple en ses soubresauts n’imagine pas que sa générosité puisse se trouver niée.

Il ignore tout de la violence. Il croit en avoir fini avec les féodaux, le servage, l’aristocratie.

Il ne voit pas, tapis dans l’ombre et déjà se hissant sur ses épaules, venir les nouveaux dominants qui n’ont que richesse à accaparer.

Ceux-là comblent la frustration de n’avoir pas été du bon côté pendant des siècles.


Toi tu chevauches dans les chemins creux de l’histoire.

Ton cuirassier magnifique finit blessé dans la marge.

Ce que tu crois être la marge.

Car lorsque tu peins, tu ne fais que laisser déborder ta sensation du monde sensible.

Tu reviens, chaque jour sur l’épopée d’un empire qui ne sut que répandre sang et larmes sur toute l’Europe de l’Atlantique à l’Oural.

Le peuple, momentanément écrasé, dut bien se faire à l’idée de marcher dans la boue d’une grande armée.

L’idéal de liberté mis sous le boisseau de l’empire, il reste spectateur.

Il voit le mousquetaire Théodore fuir derrière un roi sans envergure.

Parfois, pris dans la tourmente, on ne voit pas de quel côté pencher.

Alors on penche du côté le moins pire.

On rêve d’un beau cuirassier chevauchant dans la gloire des conquêtes.

On se réveille les pieds bandés sur les gelures, au retour glacial d’une guerre inutile.


Xavier Lainé


6 juillet 2021


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