lundi 26 juillet 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 15

 



Le baiser - Théodore Géricault

Source photographique


« De parents inconnus », disent-ils.

Sauf qu’un enfant, intuitivement, ça sait ne pas venir de nulle part.

Alors ça cherche, ça creuse, et ça retrouve un père, même banni de la bonne bourgeoisie.

Je ne sais quelle relation finit par s’établir.

Certains prétendent que tu lui rendais visite, à cet enfant perdu.

J’en sais quelque chose, de la souffrance de ne pouvoir élever ses enfants.

J’en sais quelque chose, de la souffrance des enfants sans père, parfois sans mère, parfois élevés si loin et sans affection.

Enfants abandonnés à leur sort, enfants réfugiés, perdus en des territoires de rejet.

Enfants devenus énigmatiques pour défier la douleur d’exister.

Enfants qui parfois mettent un terme à leur trouble.

Enfants sans larmes, devenus durs comme pierre pour ne pas s’écrouler sous les vents mauvais de temps qui leur ferment la porte au nez.


Tu en peins, Théodore, des enfants énigmatiques, le regard perdu.

C’est comme si tu cherchais le tien derrière les traits des autres.

Ça leur donne une étrangeté.

Qui sont ces enfants ? 

Tu en dresses un portrait, ou plutôt celui de leur absence.

Ils sont comme évanescents, perdus dans le fleuve du monde.

Un enfant, ça apparaît, puis ça s’envole, ne laissant que vagues souvenirs de brefs moments de bonheur.

Le tien, à peine né, aussitôt retiré, plongé aux oubliettes des conventions bourgeoises.

Un enfant sans parents qui passera sa vie à se chercher un père, à tenter de deviner qui était sa mère.

On devine derrière chaque toile, jusque dans le regard de tes chevaux de référence, cette énigme posée qui est celle de la vie.


Xavier Lainé


15 juillet 2021


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