vendredi 2 juillet 2021

Inaudible

 




Je t’admire, moineau qui t’égosille par dessus les moteurs.

Ton chant tenace vient à ma rencontre en ce lieu désespéré.

Tu ne me vois pas.

Mon oreille est là, aux aguets.

Me parvient le vague murmure de conversations couvertes, elles par le fracas des véhicules sans âme.

De quelle vie parlons-nous ?


La mienne, comme tant d’autres, avance, le nez collé au guidon des nécessités absolues.

Ne pas flancher.

Tenir contre vents et marées.

Ne rien attendre de personne puisque désormais plus rien ne vient.

Me contenter, comme beaucoup, du miracle d’être encore vivant, chaque matin.

Quand viennent les élans de tendresse et d’insouciance, les mettre sous le boisseau pour ne pas trop rêver.

Puis revenir sur la page déposer quelque utopie nouvelle.

Sans laisser la naïveté me prendre et me conduire au naufrage.


Ils nous disent ainsi, mais ils se trompent : le devoir de survivre ne nous laisse pas le choix.

Une fois calculé le fragile équilibre qui permet de simplement ne pas finir trop dans le rouge de comptes sans cesse exsangue, il ne reste rien pour le plaisir.

Seul le plaisir d’écrire et de rêver demeure.

De tenter de répondre aux insultes et médisances en tous genres qui pleuvent aux moindres propos qui ne vont pas dans le sens du courant.

Abonné à la parole contraire inaudible, il faut en plus répondre aux injures.


Xavier Lainé


26 juin 2021


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