samedi 17 juillet 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 8

 



Le baiser - Théodore Géricault

Source photographique


Tu ne pouvais être indifférent.

Ce qui s’offrait à tes yeux, à ta jeunesse, c’était un temps écorché.

Un temps de pieds bandés pour résister à la morsure du froid et des défaites.

Que de souffrances endurées en batailles rangées pour le seul panache d’un homme.

Tu es l’observateur d’un temps qu’on dirait aujourd’hui de « transition ».

Transition entre l’ancien et le nouveau.

Entre le connu et l’inconnu.


Tu ne pouvais être indifférent à la souffrance de ces preux guerriers.

Tu découvres entre deux toiles, entre deux esquisses, l’horreur d’une dictature qui méprise les hommes.

C’est ce qui vient, un temps sans limites.

Un temps qui s’aveugle de sa propre gloire.

Un temps qui nie la Bérézina par seul souci du gain et du pouvoir.

Pas seulement cet affrontement entre l’ancien et le nouveau.

Pas seulement.


Tu peins.

Tu avances en titubant dans les chemins creux de l’histoire.

Les bourgeois triomphants accrochent tes cuirassiers dans les salons de leur gloire débutante.

Ils avancent comme l’aigle renaissant de ses cendres qui remonte le cours du temps.

Ce qu’on ne fait jamais. 

On ne remonte pas quelque chose qui nous pousse vers l’avant.

Quelque chose qui n’existe que dans nos esprits mutilés.

Tu peins la couleur triste de ce temps qui fomente ses défaites.

Tu peins le chaos qui vient d’où les petits sont exclus.


Xavier Lainé


8 juillet 2021


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