mercredi 14 juillet 2021

Peindre dans l’air du temps (trilogie) Tome 1 - Théodore entre deux temps 4

 



Le baiser - Théodore Géricault




Théodore.

Théodore vient de cette classe qui lentement en a érodé une autre.

Il vient de cette bourgeoisie qui a pris possession des terres et qui se voue au commerce ou à l’industrie balbutiante.

Théodore vient au monde trop tard pour connaître les premiers soubresauts d’une révolution.

Il grandit dans l’ascension d’un consul qui devient empereur autoproclamé (une autre façon de s’avouer dictateur, mais la mode n’en était pas encore venue).

Il apprend à peindre sous cet empire.


Il est de la classe qui vient de triompher.

Alors il peint ce qu’il voit.

Ce qu’il voit est militaire, puisque le tyran de la bourgeoisie les aime, ses cuirassiers, ses grognards.

Il les aime et les conduit d’un bout à l’autre de l’Europe comme d’autre le feront plus tard.

C’est toujours dans le sang que s’amusent les empereurs.

Ce que les tableaux ne disent pas. 

Ne disent pas tout de suite.


Il est donc à ce point de bascule, Théodore.

Un monde est parti au moment de sa naissance.

Un autre a surgit qui commence dans les tragédies.

Bien de quoi y perdre sa boussole.

Nous le savons bien puisque c’est ce que nous vivons.

Un monde tarde à s’effondrer, se cramponne et se raidit pour ne pas laisser la place à l’inconnu.

Un autre monde tarde lui à émerger.

Nous ne savons pas comment nous y prendre.


Xavier Lainé


4 juillet 2021


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