vendredi 29 décembre 2023

Une aube se lève derrière les barreaux 6

 




« Célébrer la vie signifie la vivre ardemment avec d'autres. » Jeremy Rifkin, Une nouvelle conscience pour un monde en crise


Alors tu vois

Nul besoin de fausses allures festives

Juste deux bras qui s’ouvrent

Une infinie tendresse qui circule

Entre deux êtres silencieux


Il suffit d’un instant suspendu

D’un silence vibrant de douceur

Pour que d’un coup 

La tragédie du monde 

S’engage dans une trêve


Que lis-tu dans le ciel gris

D’un matin banal

Sinon cet élan

Qui nous fait vivants

Éternellement vivants


Nous sommes là

Posés à l’ombre des soupirs

Les tragédies se poursuivent

Sous les pouvoirs prétendus absolus

D’une fraction inhumaine


Comment expliquer 

Cette domination absurde

D’une infime minorité tyrannique

Sinon par le manque 

De bras ouverts sur l’avenir


Je ne cesse d’ouvrir les miens

Parfois une ombre s’y dépose


*


De bon matin le poste énumère les femmes violées

Entre dans les détails sordides de ce 7 octobre funeste

Mais


Mais sans un mot de pitié pour les civils de Gaza

Bombardés comme jamais


Comment peut-on

Sur une chaine de la radio publique

Prétendue consacrée à la culture

Être aussi partial

Partiel

Sans même un mot de compassion 

Pour ceux qui souffrent

D’un côté comme de l’autre


Aurions-nous atteint ce seuil

D’où toute espèce d’humanité est évacuée

Au nom d’intérêts économiques ou religieux

Il semble bien


La plaie ouverte

Nul ne saura jamais en panser la douleur

Tout pensée même devient piètre consolation



Xavier Lainé

6 décembre 2023


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