« Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. Ce soir est la fin d'un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L'air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis lavé de la guerre. L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants en portent la marque. » Jean Giono, Refus d’obéissance
Et pourtant ça dure
Ça se poursuit
Ça nous colle aux basques
Toujours ça se répète
Bien que nous disions
« Quelle connerie la guerre »
Et pourtant ça dure
Ça se reproduit à l’infini
En longs cortèges de misères
Fleuves de sang et de boue
Cris en écho tout autour de la terre
Bien que nous disions
« Plus jamais ça »
Ça dure
Ça se poursuit
Il s’en trouve toujours
Tenant pouvoir de main ferme
Pour jouer les boute-feux
Répandre toujours les larmes
C’est là
Avec les blessures et les morts
Qui ne peuvent plus rien dire
Sinon nous rappeler
Qu’il serait temps
De nous réveiller
De ne plus laisser notre sort
Entre mains sanglantes
De pouvoirs usurpés
Je suis de la génération
Qui ici du moins
N’aura pas connu
L’espace d’une vie
Les horreurs de la guerre
N’en ayant reçu
Que les tristes récits
Pourtant me sens meurtri
À chaque corps tombé
Sous les ruines
À chaque enfant blessé
Comme « dommages collatéraux »
De conflits non souhaités
Ça dure
Ça se reproduit sous nos yeux
Certes pas devant nos portes
Ou sur le toit de nos maisons
Alors certains s’en vont
Avec la certitude que plus jamais
Tandis qu’à chaque humain
Qui décède sous les coups
Qui disparaît sous les bombes
C’est toute l’humanité qui saigne
Qui chancelle
Xavier Lainé
11 novembre 2023
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